Paumés

Paumés

Paumés

Paumés

Au cinéma le

Un gars, une fille. Un Norvégien, une Américaine. Deux esprits tourmentés, déphasés de leur environnement. La jeunesse désorientée est au cœur de deux films cette semaine.

Martha, Marcy May et Marlene sont une seule et même jeune fille. Trois prénoms pour une identité fragmentée. Marcy May s’enfuit dans la forêt et redevient Martha lorsque sa grande sœur vient à son secours. Elle se rappellera qu’elle se présentait comme Marlene quand elle décrochait le téléphone de la communauté qu’elle a quittée. Une communauté ou plutôt une secte régie par un gourou cherchant à conjuguer utopie hippie, autarcie et polygamie. Charles Manson ne semble pas bien loin…

Martha, orpheline, va tenter de se reconstruire dans la demeure cosy de son aînée. Mais elle peine à trouver sa place dans cet univers consumériste. Et puis le fantôme de Marcy May ne tarde pas à venir reprogrammer les réflexes inculqués par le lavage de cerveau. Le film bouscule alors la temporalité, part d’une scène du présent pour glisser subtilement vers un flashback avant de refaire un bond en avant.

Martha Marcy May Marlene[fn]Martha Marcy May Marlene, Etats-Unis, 2011, réalisé par Sean Durkin (2 heures).[/fn] donne à voir la confusion mentale de cette jeune fille – parfaite Elizabeth Olsen qui risque bien de devenir rapidement plus célèbre que ses jumelles de frangines – et plonge le spectateur dans un drôle d’état cotonneux, des éclairs de violence ne manquant pas de transpercer la ouate.
Dommage que quelques longueurs viennent atténuer la tension. Le film se prête aux interprétations multiples : ainsi, rien n’assure que la secte a vraiment existé, qu’elle n’est pas le fruit d’un imaginaire tortueux. Chaque spectateur jugera si cette lecture sous le prisme de la schizophrénie tient ou non la route. Si, au dernier plan, c’est Martha, Marcy May ou Marlene qui fait face à la caméra.

Anders est en cure de désintoxication. Ce journaliste obtient une autorisation de sortie pour passer un entretien d’embauche. Il prend la route direction Oslo. Et surtout pour un retour vers un passé qui, bien que récent, va lui apparaître bien lointain. Lui aussi aura bien du mal à retrouver sa place et se rendra surtout compte de celle qu’il a perdue. Son pote de biture est devenu un jeune père enferré dans la routine. Sa sœur ne peut lui faire face et envoie sa compagne jouer les médiatrices. Son employeur potentiel, qui semble intéressé par son profil, pointe le trou dans son CV. A chacune de ces rencontres, Anders semble ailleurs. Submergé par ses pensées.

Les moments les plus réussis de ce Oslo, 31 août[fn]Oslo, 31 août, Norvège, 2011, réalisé par Joachim Trier (1h38).[/fn] sont ceux qui laissent entendre ses monologues intérieurs (dont l’un fait penser très fort au France Culture d’Arnaud Fleurent-Didier) ou illustrent les divagations de son esprit lorsque, dans un café, il capte des bribes de conversations des autres clients ou imagine le quotidien d’une inconnue aperçue par la vitre.

Au contraire, dès lors qu’il s’attache à décrire la spirale de la déchéance – il s’agit d’une adaptation libre du Feu follet de Pierre Drieu La Rochelle – dans tout ce qu’elle peut avoir de plus convenue, il perd de son intérêt. Certains tiqueront sur les petits effets arty qui parcourent le film, resteront complètement hermétiques à la mélancolie qui le secoue ou se désintéresseront totalement du destin du personnage principal. Aucune hésitation à avoir en revanche si vous aimez les portraits d’âmes torturées et si vous savez que les grandes villes au mois d’août peuvent diffuser une discrète tristesse.

Date de sortie
Durée
Réalisé par
Avec
Pays