Ceux qui battent chaque jour le pavé parisien ne les voient même plus ; elles font pourtant parties du mobilier urbain emblématique de la capitale. A chaque coin de rue, les fameuses signalétique Métropolitain, Métro ou M nous indiquent l’entrée des bouches de métro, sésame de la vie souterraine. Cette signalétique au design si significatif a donné à Paris du caractère. Au fil du temps le réseau s’est modernisé tout comme le design de ces fameux repères.
Les édicules de Guimard
En 1899, soit un an avant l’inauguration de la première ligne du métro parisien, la compagnie des chemin de fer métropolitain de Paris (CMP) organise un grand concours pour la création d’édicules d’accès aux stations. La commande est simple: « vitrés sur la plus grande hauteur possible, à partir de un mètre environ du sol, orné d’une frise pouvant recevoir des caractères très apparents, éclairés par transparence pendant la nuit, portant l’indication : Chemin de fer métropolitain ». Hector Guimard, architecte, pourtant non candidat est choisi. A partir de ses dessins réalisés entre 1900 et 1912, 141 bouches de métro seront ainsi signalées et protégées dans la capitale. Il conçoit des édicules ainsi que des entourages simples où l’esprit de l’art nouveau domine. Caractérisés par ses courbes autant dans le design du mobilier que dans la calligraphie de sa signalétique Métropolitain, ce style sera par la suite considéré comme trop chargé.
Après la destruction des édicules monumentaux, véritables sas d’entrées composés de portes, les créations de Guimard seront classées dans les années 70. Désormais les Parisiens comme les touristes repèrent le métro, aux stations Abbesses et Porte Dauphine, grâce aux deux grands édicules qui subsistent. Authentiques abris en verre et fonte ornés d’une marquise sur laquelle est évidemment fixée le signal du Métropolitain. Plus nombreux et plus sobres, les entourages simples ne protègent pas de la pluie mais remplissent leur fonction première, à savoir, indiquer la présence de l’entrée du métro. Ils se caractérisent par deux hautes tiges arquées terminées par une feuille, « les brins de muguet » où se loge la lumière orange permettant en plein nuit de lire au loin Métropolitain. Placées à l’entrée des escaliers eux-mêmes protégés par un garde-corps en fer forgé tout en rondeur, le Parisien pressé n’a plus qu’à s’engouffrer dans la bouche du monde souterrain. Devenus un emblème de Paris, des édicules ont été offerts aux villes de Mexico, Montréal, Lisbonne, Moscou, Washington et Chicago.
Le design en phase avec son époque
Depuis sa création, le métro parisien a subi de nombreuses transformations, rénovations et multiplications de ses lignes. Sa signalétique a, elle aussi, évolué. Nous sommes ainsi passés de Métropolitain calligraphié tout en rondeur sur une enseigne en fer et éclairé par des lampes orange, au M lumineux jaune placé dans un cercle métallique en haut d’un totem, en passant par le bloc plastique éclairant un Métro dactylographié blanc sur fond rouge, caractéristique des seventies, années pop. Il faudra attendre l’ouverture de la ligne 14 en 1998 pour voir apparaitre une nouvelle signalétique, plus contemporaine, plus sobre. Le totem transformé en bannière accueille désormais une pancarte fonctionnelle qui indique l’entrée par un M bleu au centre d’un cercle, le numéro de la ligne et également le nom de la station. Cette signalétique qui se veut plus concise est d’ailleurs sans relief et moins visible selon les usagers.
Alors que les lignes s’allongent de plus en plus vers la banlieue proche de Paris, on compte désormais en 2013, 303 stations. Des entrées de métro plus contemporaines ont ainsi vu le jour, comme celle édifiée à la Gare-Saint-Lazare. Tout de verre et tout en rondeur, on s’interroge sur un éventuel hommage de Norman Foster, son créateur, aux édicules disparues de son illustre confrère Hector Guimard. Celle de Port-Royal, dessinée à l’occasion du passage en l’an 2000 par l’artiste Jean-Michel Othoniel, a quant à elle suscitée autant de controverses que les créations de Guimard 100 ans auparavant.
Depuis l’apparition du métro, plusieurs métiers ont disparu. Le poinçonneur de tickets a été remplacé par des tourniquets. Le conducteur de trains disparaît progressivement depuis l’automatisation des lignes. La bouche de métro traverse, seule, les époques.