Vivre dans un pays qui se trouvait de l’autre côté du rideau de fer dans les années 70 et 80, c’était loin d’être facile. C’était même un véritable enfer ! Rien à se mettre sous la dent, les gamins affamés, les petits chefs corrompus. Le point de départ sur lequel le Monopoly polonais construit son scénario. Ce jeu de société, édité par l’Institut polonais de la mémoire nationale, vous invite à survivre dans une économie de pénurie. Baptisé Koljeka (« La queue », littéralement), il est sorti l’an dernier et fait un véritable carton en Pologne (20 000 exemplaires vendus).
Le but : réaliser ses courses dans un pays où tous les produits manquent, quitte à faire la queue plusieurs heures avant de pouvoir utiliser ses tickets de rationnement. Et il n’est pas non plus certain que vous trouviez votre bonheur au bout de la queue. Une bonne épicerie communiste est une épicerie où il manque de tout. Le premier qui arrive au bout de sa liste de produits à acheter a gagné, explique Le Courrier picard.
Pour cela, le jeu offre la possibilité de ruser. Vous pouvez par exemple bénéficier du coup de main d’un camarade du Parti pour avoir accès aux magasins spéciaux. Ou récupérer une carte « Maman avec un enfant dans les bras », pour que l’on vous prête un gamin et que vous avanciez plus vite dans la file d’attente. Comme tout bon communiste malin, vous pourrez aussi jouer des coudes au marché noir pour acheter votre bout de viande. C’est beaucoup plus cher mais, ça peut valoir le coup. Survivre à l’ère communiste, c’est aussi ça.
On est donc loin du Monopoly à la mode capitaliste. Hors de question de s’offrir des avenues, bâtir des hôtels et devenir le roi du monde. Non non, à la mode communiste, il s’agit de faire la queue avec des tickets de rationnement et acheter des produits de première nécessité. Ce jeu est sexy, c’est certain !
Des éditions en anglais, allemand, japonais, russe et espagnol viennent de sortir. Mais toujours pas de version française. La Pologne estime-t-elle que c’est encore trop tôt pour la France ?