"Vous qui entrez ici, abandonnez toute rationalité" : telle pourrait être la mise en garde lancée à tout spectateur se risquant à découvrir The Master en salle. Le nouveau film de Paul Thomas Anderson est en effet un gros morceau de cinéma halluciné, qui jette Freddie Quell (Joaquin Phoenix), vétéran de guerre alcoolique, sous la coupe du gourou de "La Cause" Lancaster Dodd (Philip Seymour Hoffman) à l’aube des années 1950. Certains y reconnaîtront l’Eglise de scientologie, mais Paul Thomas Anderson s’écarte de toute velléité polémique, ne faisant pas de la secte le sujet principal du film. Il serait d’ailleurs bien difficile de résumer les 2h15 de ce long métrage où rêves, mirages et curieuses "méthodes thérapeutiques" s’amalgament.
Un subtil duo
La séquence d’ouverture – une plongée dans la psyché perturbée de Quell – est un moment d’anthologie. La suite, bien plus inégale, peine à se montrer complètement à la hauteur de cette entame. Il n’en reste pas moins que chaque "confrontation" entre Phoenix et Hoffman (tous deux récompensés d’un prix d’interprétation au dernier festival de Venise) fait mouche, leurs subtils numéros d’acteurs saisissants étant portés par des dialogues percutants.
Film ambitieux à la mise en scène stupéfiante (également primée à Venise), The Master en déconcertera certains. Mais cette œuvre folle, qui n’hésite pas à pousser loin le curseur du côté de l’excès, laissera les autres abasourdis. Au moment du générique de fin, ils bandonneront Quell à son destin. Sans dieu ni maître.
The Master – Bande-annonce [VOST] par Filmosphere
> The Master, de Paul Thomas Anderson, États-Unis (2h17)