Parue une première fois en France en 1999 au Serpent à Plumes, Paradoxia, journal d’une prédatrice, l’autobiographie de Lydia Lunch, est rééditée ces jours-ci aux éditions Au Diable Vauvert, avec une nouvelle préface de Virginie Despentes (qui s’ajoute à celle de Hubert Selby Jr). Dans ce livre composé de courts chapitres, l’artiste underground raconte de façon très brute ses expériences paroxystiques, à New York et dans les diverses villes où elle a vécu. Une vie menée à cent à l’heure, où la jouissance et le danger sont inextricables, et qui aura nourri une œuvre transgenre et influente, même si elle se sera toujours tenue à l’écart du mainstream : musique (de la no wave abrasive des débuts au jazz lounge pernicieux d’aujourd’hui), textes, spoken word, films, photo…
Face à notre caméra, Lydia a livré le (freak) show attendu : anecdotes cocasses et un peu trash, diatribes contre les Etats-Unis, pays forcément stupide et fasciste (mouais…), incantations de prêtresse vaudoue en rut… Est-elle en représentation permanente ? On pencherait plutôt pour l’hypothèse inverse : derrière un sens certain du spectacle, on discerne avant tout un refus de jouer à l’Artiste, une liberté absolue de parole, beaucoup de lucidité et d’autodérision. Forcément un peu assagie, la cinquantaine passée (et « miraculeusement encore en vie », nous dira-t-elle), Lydia Lunch reste un personnage entier, qui suit sa propre route sans se préoccuper de ce que les autres peuvent penser. A prendre ou à laisser. On prend.