Avec Kim, on a trouvé ça finalement plus pratique, d’aller le filmer chez lui. Il nous a donc gentiment reçu dans son espace cosy, à Paris. Moquette oblige, on se déchausse (mince, un trou dans ma chaussette…), on s’installe et puis on y va. On était parti sur l’enregistrement de deux morceaux, mais l’ex-Bordelais semble en vouloir plus. On continue sur un troisième puis un quatrième. En souriant, on demande à Kim s’il va faire l’intégralité de l’album. Chiche.
C’est donc l’intégralité de Radio Lee Doo que Kim nous a joué, dans une orchestration bien plus minimaliste : chacun des morceaux sera joué soit au piano, au banjo, à la guitare ou avec son fabuleux omnichord. Et parce que ce n’était pas encore suffisant, on a demandé à Kim de nous commenter chacun de ses morceaux.
On commence aujourd’hui avec les deux premiers titres du dernier album de la trilogie "Lee Doo".
Les explications de Kim
« Tout d’abord, cette trilogie a pour sujet la notion de rassemblement, de groupement et de ce fait l’isolement par ailleurs. Don Lee Doo, sorti en 2008, était axé sur les sectes, les confréries, les groupes exclusifs d’amis, les blogs. Mary Lee Doo, sorti en 2009, était davantage axé sur la famille, le couple. Radio Lee Doo, quant à lui, est axé sur le groupe social. Je parle dans cet album de personnages qui tentent d’intégrer des cercles. Ainsi, je parle souvent des musiciens, mais aussi de femmes divorcées, de bohémiens, des candidats.
Musicalement, la trilogie se définit par un son volontairement sec et froid avec des batteries percutantes et répétitives, des claviers aux sons étranges, des guitares de hard rock, des instruments perturbants (omnichord, flutes, guitares préparées) , et des tonalités qui tournent autour du Ré majeur, couleur beaucoup trop haute pour moi et qui m’oblige à un manque de confort vocal choisi pour exprimer l’urgence.
Dans Radio Lee Doo, en revanche, j’ai choisi d’aller en studio enregistrer les instruments bruyants comme la batterie et le piano afin de faire mixer mon disque par Alb et récupérer une largeur et une stéréophonie dont j’avais besoin pour accompagner des textes tendus et une musique plus classique et pop que par le passé. »
« La première chanson s’appelle comme l’album, Radio Lee Doo. Elle parle d’un musicien qui cherche un contrat discographique. Je n’y décris pas ce que j’ai vécu, mais ce que vivent tous les musiciens. Ce moment désagréable où l’on se place en candidat et où l’interlocuteur se place naturellement en juge. J’aurais pu parler de quelqu’un qui va postuler pour un emploi plus classique, mais je connais moins ce cas de figure. Pour accompagner cette chanson, j’ai décidé que la musique serait entraînante sur une tonalité majeur de Do. Le rythme dansant et pop renvoie à Solenn sur mon disque précédent. J’ai voulu des cordes pour rendre la chanson la plus classique possible. J’ai demandé à mon ami Julien Tirbois de les jouer.
J’ai, pour ma part, joué la batterie, la guitare, le piano, l’orgue Hammond, puis j’ai joué une partie d’accordéon pour faire chier le monde. En majeur, c’est laid, et j’aime le laid. Les charleys n’en sont pas. Je les joue à la voix. J’aime de plus en plus les percussions vocales. Clément Daquin a joué le minimoog basse, des claps, des tambourins et a mixé. Le tout a été enregistré à CBE par David Mestre avec quelques caisses claires, enregistrées à Bonus Track par Yarol Poupaud.
La tonalité a été choisie pour renvoyer au début de Mary Lee Doo. »
« Muriel, deuxième chanson de l’album : pour chaque disque de ma trilogie "Lee Doo", j’avais prévu de centrer une chanson sur une personne avec son prénom. Pour l’album Don Lee Doo, il s’agissait de Sylvie dans Because of Sylvie, dans Mary Lee Doo, il s’agissait de Solenn, et dans Radio Lee Doo, il s’agit de Muriel. Dans le premier volet, Sylvie est une jeune fille pleine de doutes qui a injustement mauvaise réputation pour son absence de choix. Solenn est une fille malade au milieu d’un famille du show business, ce qui faisait référence à Solenn Poivre d’Arvor. Dans Radio Lee Doo, je parle de Muriel, femme divorcée élevant seule ses enfants. Une working girl avec beaucoup de pression et beaucoup de courage. Comme souvent, je finis par rencontrer les gens dont je parle dans mes chansons dans la vraie vie. Ainsi, j’ai rencontré Muriel alors que j’enregistrais la chanson. J’avais bien une amie qui portait ce nom mais elle n’a pas d’enfant et n’est pas divorcée. Bref, cette chanson est enchaînée directement avec Radio Lee Doo par un fondu d’orgue sur wurlitzer. La tonalité passe de DoM pour le premier titre à Do mineur pour Muriel. La montée d’accord peut rappeler When the river turns around dans l’album Don Lee Doo de 2008, et c’est assumé.
La façon d’enchaîner les accords a été pensée pour renvoyer à Black Flag dans mon album de 2005. La chanson étant plus sociale que mes récentes chansons, comme ce qui est le cas dans Black Flag. Pour Muriel, je voulais une batterie plus bavarde que celle que j’avais pu jouer ces dernières années. Elle a été enregistrée au studio CBE avec David Mestre à la console. J’ai aussi enregistré la partie de Wurlitzer et l’orgue. J’ai joué la batterie, l’orgue, le wurlitzer, une guitare, une basse, un omnichord et des tambourins, puis ai chanté. J’ai finalement effacé la guitare. Puis j’ai demandé à Julien Tirbois de jouer des cordes. Quand j’ai envoyé les pistes à mixer à Clément Daquin à Reims, dans son studio de ALB, il a rejoué la basse et les tambourins. »
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Retrouvez les autres morceaux de l’album Radio Lee Doo et les explications de Kim sur le CitaBlog Radio Lee Doo en live.