A l’heure où les Halles revêtent doucement leur canopée artificielle de verre et de métal conçue par l’architecte Patrick Berger, leur parvis se pare de ses premières verdures : arbres, pelouses et mobiliers urbains…. Le projet imaginé par l’architecte Seura prévoit, dans le prolongement des futures Halles, un grand jardin de 4 hectares. Cette nouvelle clairière au centre de la capitale a été imaginée en collaboration avec le paysagiste Philippe Raguin. Parisiens et touristes peuvent désormais s’approprier les 2 premiers hectares.
Une démarche participative
La modification du jardin des Halles, au tout début du projet, a bien évidemment suscité de nombreuses réactions et fait l’objet d’une consultation des riverains. La ville de Paris a choisi de suivre les désirs (pas tous bien sûr) des habitants, commerçants et associations vivant dans le quartier. Cette consultation a permis de cibler le programme et de faire des choix d’aménagements judicieux pour les grands comme pour les petits. Ainsi l’accent est fortement mis sur l’usage et la vie du jardin.
Le principal désidérata concernait les squares pour les enfants. Pour répondre à cette volonté, 2 aires de jeux des enfants séparées en tranche d’âge ont été aménagées. Tandis que les 2-6 ans profitent des toboggans et autre jeux d’éveils sous l’oeil protecteur des parents, les 7-11 ans s’éclatent encadrés par des animateurs. Pendant ce temps, les parents peuvent vaquer tranquillement à leurs occupations. Même si en terme d’usage et de sécurité, tout semble bien pensé, ces aires de jeux apparaissent comme des modèles réduits de parcs d’attractions ; peu flatteur pour le paysage.
En alliant des espaces végétalisés et des espaces minéralisés, il semble que la volonté de la ville de Paris d’offrir un jardin contemporain ait été respectée. Créer autant un lieu de passage que de promenade où l’on aime flâner était une grande préoccupation. Les pelouses ne sont pas accessibles. Encore appelées prairies, ces espaces se «reposent» pour mieux accueillir vos futurs pique-nique de l’été.
Bonne nouvelle, fini les pergolas d’antan, où les pigeons avaient élu domicile. Ennemis jurés des Parisiens, ces volatiles ne perturbent en rien vos promenades, et futurs déjeuners sur l’herbe puisque les aménagements ont été pensés pour éviter les désagrément. Un bon point !
Et bientôt
Même s’il est difficile d’imaginer l’aspect final du jardin «Nelson Mandela», l’ouverture de la partie ouest nous laisse présager un meilleur avenir que son prédécesseur. Les promeneurs semblent déjà l’apprécier. Mais comme pour l’ancienne Place de la République, également récemment rénovée, qui se souvient de l’ancienne configuration des lieux ? Ce premier aperçu nous laisse déjà entrevoir une plus grande facilité d’accès avec un jardin de plain pied ainsi qu’une réelle mise en valeur du patrimoine. Déjà, l’église Saint Eustache peut être admirée depuis la nouvelle place René Cassin. Aménagée comme un amphithéâtre, où la sculpture d’Henri de Miller «la tête écoute» a conservé son emplacement, cet espace invite le passant à se reposer où juste a contempler.
Une fois achevé, ce jardin rappellera l’esprit de nos désormais célèbres «jardins à la française». Son organisation linéaire s’affiche déjà. Son allée centrale minérale reliera les futures Halles à la Bourse du commerce ; de part et d’autre s’aligneront les pelouses et les aires de jeux, pour enfin laisser place au nord et au sud du jardin aux espaces boisés. Même la présence de l’eau, d’une certaine manière, nous rappelle nos jardins classiques. Pas de fontaine comme il était d’usage, mais un système de récupération des eaux de pluies de la canopée qui seront drainées au travers du jardin.
Une ouverture au mois de décembre n’a rien de flatteur, entre les arbres dépourvus de feuilles, les pelouses au repos et le manque de fleurs… L’ensemble apparaît pour l’instant assez froid. Bien sûr, il faut laisser du temps au temps. Non seulement pour la fin du chantier mais aussi pour l’éclosion de la végétation. Son embellissement se construira au fil des saisons. Regardez ce que sont devenues les Buttes Chaumont qui était tout de même, jadis «la déchèterie de Paris» : un écrin de verdure construit de toutes pièces !
Pour pratiquer l’ensemble du jardin Nelson Mandela, il nous faudra attendre 2016. Chaque aménagement urbain est un nouveau pari dans l’évolution d’une ville. Nous verrons alors si les riverains et l’ensemble des parisiens s’approprient ce nouvel espace.