Résolument moderne, féministe avant l’heure, Paul Poiret (1879-1944), qui crée sa maison de couture en 1903, a su bouleverser les codes de l’époque : aux oubliettes le corset, vive le soutien-gorge ! Ses robes droites et fluides rompent avec les modèles empesés aux tailles très fines. Elles se parent de couleurs vives, d’inspirations fauvistes ; voyageur avide de découvertes, Poiret exploite la machine à rêves de cet Orient qui fascine, insufflant à ses créations le goût de l’ailleurs.
« Je suis un artiste, pas un couturier », affirmait-il, inscrivant la mode dans une pensée esthétique plus large. Pionnier de ce qu’on appelle aujourd’hui les « collabs », il fait intervenir artistes et artisans sur ses décors et ses textiles. Premier couturier à créer des parfums via sa société, Les parfums de Rosine, du nom de sa fille aînée, il fonde également une école d’arts décoratifs pour les jeunes filles défavorisées. Fleurs, artichauts, radis : l‘atelier Martine, hommage à sa cadette, édite textiles et papiers peints aux motifs chatoyants et graphiques, entre fraîcheur végétale et fantaisie ornementale.

Paul Poiret (1879-1944), couturier français, dans sa maison de couture, 1 rond-point des Champs-Elysées, Paris (VIIIème arr.), au travail sur une robe, avec le mannequin Renée, 1927. Photographie de Thérèse Bonney (1894-1978). Bibliothèque historique de la Ville de Paris.
Esthète fantasque, noceur invétéré, Poiret organise des fêtes grandioses et déguisées comme celle des Mille et Deuxième Nuits, qui transporte le Tout-Paris mondain dans un Orient fantasmé. Les années 20 sont marquées par de nombreuses dépenses liées au développement de ses société et à son train de vie excessif, qui le conduisent à la banqueroute et à la vente de sa maison de couture. Faute d’une reprise d’activité, la marque Paul Poiret tombe dans l’oubli. Pourtant, l’étendue de son génie créatif et multiforme, son insatiable fantaisie, son héritage flamboyant ont irrigué la mode bien après lui : il est repris par des générations de couturiers — Christian Dior, John Galliano, Yves Saint Laurent — qui s’inspirent notamment de son orientalisme.
Infos pratiques :
Exposition Paul Poiret, la mode est une fête
Du 25 juin 2025 au 11 janvier 2026
Musée des Arts décoratifs (MAD)
107-111, rue de Rivoli
75001 Paris
Standard 15€
Moins de 18 ans gratuit
Horaires
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Fermé le lundi