Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain

Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain

Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain

Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain

11 août 2014

Intégrés dans la ville et bénéfiques pour les habitants, les écoquartiers, sixième volet de notre série de l'été "les villes du futur", se multiplient dans les villes françaises. Leur approche transversale de la cité les rend aujourd'hui incontournables. Et si la ville de demain n'était qu'une succession d'écoquartiers ?

Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - la ZAC Pajol | Amélie Roux
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - Le jardin public | Amélie Roux
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - Les équipements | Amélie Roux
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - A proximité | Amélie Roux
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - La (re)création de lien social | Amélie Roux
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - Des espaces réhabilités | Amélie Roux
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - De nouveaux édifices | Amélie Roux
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - pour du service public | flickr_cc_Ville d' Issy
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - Une circulation douce | flickr_cc_Bogers
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - Le règne du piéton | flickr_cc_Hello Nelly
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - Freiburg | flickr_cc_Geoterranaute
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Diaporama Les écoquartiers, l’art de (ré)investir l’espace urbain - Et la nature encore et encore | flickr_cc_Alberto.Quaglia
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Si la ville actuelle ne se transforme pas, elle implosera. Les politiques l’ont enfin compris. Aidée de professionnels mais aussi des principaux acteurs urbains, les citoyens, la ville se mue de l’intérieur. Nouvelle mobilité, nouvelles organisation sociale, nouveux enjeux écologiques, les écoquartiers prennent corps dans les villes d’Europe. Enfin.

Car la croissance exponentielle des villes a généré, au 20e siècle, une thématique de réflexion nouvelle : l’organisation spatiale. De nouvelles professions ont vu le jour. Les urbanistes (entre autres) s’attachent à réfléchir, anticiper et proposer des solutions à cette évolution constante. Au fil du temps, des erreurs ont été commises, et de nouvelles problématiques émergent. Celles de notre ère, le développement durable, les économies d’énergies, le mieux-vivre ensemble, mènent à l’émergence de nouveaux quartiers à l’image de la ZAC Pajol (zone aménagement concertée) dans le 18e arrondissement de Paris.

La (re)création de lien social | Amélie Roux

L’évolution des villes

Les grands principes de l’urbanisme ont été énoncés dans la charte d’Athènes en 1933, éditée par le congrès international d’architecture moderne (CIAM) et complétée par Le Corbusier en 1941 sous le titre « Ville fonctionnelle ». Depuis, cette toute nouvelle science a appris de ses erreurs. La plus visible, encore aujourd’hui, fut le zonage du territoire soit le découpage du territoire en « zones fonctionnellement différenciées ».

Appliquée après la Seconde Guerre mondiale, cette théorie eut pour effet la prolifération de grandes tours grises, créant des ghettos de pauvreté dans les villes et surtout en zone périurbaine. En effet, cette science large intégrant des notions aussi vastes et complexes que l’humain, le territoire, l’économie ou encore la culture a constaté à l’usage les limites de l’étalement foncier et de ces immenses cités-dortoirs. Il a donc fallu réfléchir autrement, et s’interroger non pas uniquement sur le fonctionnement d’une ville mais sur le bien-être de ses habitants.

Créer une cohérence sur le territoire mais avec une vision plus élargie non seulement géographiquement mais aussi temporellement a abouti à la rédaction de La nouvelle charte d’Athènes, en 2003. Elle énonce, entre autres, huit principes méthodologiques pour « satisfaire les besoins de la ville de demain et les aspirations des citoyens », pas uniquement à l’échelle de la France mais à celle de l’Europe. Ainsi les urbanistes s’engagent à faire progresser la vie de l’homme en société dans des villes plus participatives, plus justes, plus efficaces, plus agréables et plus sûres.

Et la nature encore et encore | photo flickr_cc_Alberto.Quaglia

De nouvelles problématiques

Aux questions de bien-être s’ajoute une réelle prise de conscience de la gestion de l’énergie et du réchauffement climatique, le challenge du 21e siècle. Plus que jamais, la ville dévore l’énergie fossile, par son activité, ses transports, ses vieux logements… En Europe du Nord, particulièrement en Allemagne, ces réflexions ont donné naissance à de nouveaux quartiers dits écologiques. Comme à Friburg – devenu référence européenne – où est construit dès 1996 le quartier « Vauban » ; suivront les quartiers « Roeselfeld » et « Weingarten » composés de bâtiments à faible empreinte écologique voire même producteurs d’énergie.

La nature y prolifère. La voiture y est presque bannie, on y privilégie le vélo et les transports en commun. Des équipements publics et des commerces de proximité permettent de réduire les déplacements et surtout de (re)créer du lien social. Il n’y a plus un centre-ville mais plusieurs. Ces expérimentations des « nouveaux » quartiers écologiques fonctionnent, leurs habitants s’y sentent bien. La décentralisation est en marche.

En France, l’impulsion de ces initiatives écologiques dans les années 2000 n’est pas venue des institutions publiques et des professionnels mais de regroupement d’individus avertis et quelque peu en marge de la société ; on parlait alors d’écovillage. Les premières expérimentations institutionnelles au sein des villes devenaient quant à elle des sortes de ghettos, « bobo » cette fois, car non accessibles à l’ensemble des citoyens. Généralement soit la mixité sociale était mise de côté, soit les équipements, parfois même les deux. D’ailleurs, il est plus juste de les appeler écolotissements. Ce type de projets se concentre principalement sur la qualité architecturale des bâtiments. On constate une absence totale d’ouverture sur l’espace public. Ainsi en témoigne le projet Eden Bio, inauguré en 2011, dans le 20e arrondissement de Paris. Les grilles de part et d’autre de cette « nouvelle rue » confirment un réel repli. Il a fallu passer à la vitesse supérieure et travailler sur une plus grande superficie, ouverte sur le monde et intégrée à son environnement. L’écoquartier doit composer avec une population et un bâti préexistant et non sortir articifiellement de terre. On ne parle plus uniquement de construction mais de réhabilitation éco-urbaine.

Le règne du piéton | photo flickr_cc_Hello Nelly

Les écoquartiers

Fort de ces expérimentations, l’écoquartier prend forme et se définit petit à petit. Le développement durable à le vent en poupe et dès qu’un bâtiment un peu plus écologique que les autres sort de terre, on l’estampille du titre. Afin d’éviter que ne pullulent les impostures, le ministère de l’Égalité des territoires et du logement a décidé de cadrer le débat et a rédigé fin 2012, la charte des écoquartiers qui labellise les projets. En tout, la charte reconnaît vingt indicateurs regroupés en trois catégories : dynamiser le quartier, améliorer le quotidien des habitants et répondre aux questions environnementales. Terminés l’étalement urbain et la « boboisation », on tente désormais de transformer, d’adapter des zones urbaines et d’intégrer des habitants laissés à l’abandon. Une mutation de l’intérieur donc.

À Paris, le projet pilote du premier écoquartier, la ZAC Pajol, a été inauguré le 7 novembre 2013. Ces friches réhabilitées au milieu des immeubles d’habitations populaires et le long des voies ferrées de la gare de l’Est ont été réhabilitées en concertation avec les citoyens. De nombreux équipements publics ont investi l’espace (IUT, collège, bibliothèque, centre sportif, restaurants, boulangerie, auberge de jeunesse… ), soit dans des bâtiments construits soit dans d’autres rénovés selon les normes écologiques en vigueur. Comme la halle Pajol, dont la toiture a été équipée de panneaux solaires photovoltaïques, qui produisent l’électricité nécessaire à tous ces nouveaux services publics, la gestion de l’eau et des déchets a également été étudiée de près. De plus, les espaces publics extérieurs sont désormais dédiés aux piétons, aux vélos et à la nature avec un jardin public de 3.000m2. Tout a été pensé de manière à ne plus avoir besoin de sortir du quartier, sauf pour travailler ou par choix.

Le jardin public | photo Amélie Roux

Certains écoquartiers précurseurs ont été labellisés après leur construction, comme La Duchère, à Lyon, ou Les rives de la Haute-Deule, à Lille. D’autres vont sortir de terre rapidement comme le futur écoquartier du fort d’Aubervilliers, plus de 36 hectares au coeur de la ville. L’échelle d’intervention n’est donc plus la même, on voit plus grand et sur du plus long terme. L’écoquartier semble avoir convaincu autant les politiques que les citoyens. La ville durable prend du gallon et s’exporte même. Le savoir-faire français des écoquartiers séduit et s’envole jusqu’en Chine où deux projets vont se construire à Shenyang et à Chengdu. Ces nouveaux écoquartiers feront l’objet d’évaluations, des analyses qui permettront de les faire évoluer selon l’évolution des modes de vie de leurs habitants. Alors la ville de demain est-elle une multitude d’écoquartiers qui, côte à côté, dessineront « l’écoville » du futur ?