Le Cul Nul ne tue pas

Le Cul Nul ne tue pas

Le Cul Nul ne tue pas

Le Cul Nul ne tue pas

12 octobre 2012

Dans Cul Nul, Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive racontent des histoires de coïts aussi jouissives qu’une séance chez le dentiste, aussi honteuses que de se vautrer devant tout le monde, aussi glauques que drôles.

Parfois, la promesse d’un coït orgasmique se solde par une baise des plus catastrophiques. Le plus érotique et sensuel des rêves se transforme en marathon du dégoût dans la réalité. Parfois, l’un des protagonistes dégage une odeur pestilentielle ou file comme un voleur, a des gaz ou a trop picolé pour être performant… Parfois, le sexe se passe mal.

Cul Nul | Anne Baraou et Fanny Dalle Rive

La scénariste Anne Baraou a choisi le thème du plan cul raté, pour sa dernière bande dessinée, Cul Nul, réalisée avec la dessinatrice Fanny Dalle-Rive. Cul Nul est un recueil de 25 histoires ratées, dramatiques et drôlissimes. « Ce n’est pas que des coups d’un soir. Ces moments désespérants peuvent se produire entre des gens qui se connaissent bien davantage », estime Anne Baraou. C’est vrai, se casser la gueule quand on a joué les outres à vin toute la soirée, n’arrive pas qu’avec les coups d’un soir.

D’ailleurs si Cul Nul est aussi drôle, c’est que bien souvent, on a tous vécu des épisodes sexuels glauques et honteux qui ont ensuite alimenté des crises de fous rires entre amis. « Si ça fait rire les amis, il n’y a pas de raison que ça ne fasse pas rire tout le monde ! »

Fiction ou réalité ?

Anne Baraou a écrit ces aventures coïtales, voici deux ans, avec, en tête, le coup de crayon de Fanny Dalle-Rive. Ces deux-là ont déjà travaillé ensemble sur Une demie-douzaine d’elles (l’Association, 2009). Dans Cul Nul, les deux femmes se mettent en scène, à la recherche d’anecdotes sur des parties de jambe en l’air qui auraient mal tourné, plus proches de l’enfer que du septième ciel. D’ailleurs ces histoires drôles de sexe pas drôle, fiction ou réalité ? « C’est un mélange, un joyeux mélange. La fiction a besoin de la réalité pour sonner juste et la réalité a besoin d’être retravaillée pour sonner drôle. »

Cul Nul | Anne Baraou et Fanny Dalle Rive  

Et pour les anecdotes tirées de la vraie vie : « J’ai une assez bonne mémoire et, je crois, une assez bonne écoute. Le fait de se souvenir de ce que les gens vous ont déjà raconté un jour ou l’autre (et ne se souviennent pas forcément l’avoir fait) aide à récolter davantage d’anecdotes. Je note beaucoup de choses, pensées, confiées ou entendues par hasard car j’écris des histoires de vie quotidienne depuis longtemps. »

Loin du cliché de la sexualité fantasmée 

C’est toujours hilarant et l’on se sent complice de cette galerie de personnages – pas forcément celui qui empeste, plutôt l’autre – mais, à la lecture de Cul Nul, on entrevoit, en filigrane, le sérieux du message.

Cul Nul | Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive

Parler de cul raté, de performances sexuelles honteuses, de sexualité compliquée, va à contre-courant de cette sexualité décomplexée, épanouissante et assumée, que nous serions tous censés vivre à en croire un bon paquet de médias. « Je me demande si on ne crée pas davantage de sentiment d’échec ou de frustration en clamant que la sexualité se doit d’être épanouie et en gommant les incompatibilités diverses, les humiliations, ou la tristesse qui a autant de chance de surgir que la joie, dans ces moments-là. Si avec Cul Nul, on se dit « ça foire parfois et mieux vaut en rire, même si c’était abominable sur le moment », nous ne sommes peut-être pas inutiles, non ? »
Le cul est parfois nul ? Alors vite, baisons encore !

Cul Nul, Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive, éditions de l’Olivius, 2012, 12 euros.