Chanson française, je t’aime moi non plus

Chanson française, je t’aime moi non plus

Chanson française, je t’aime moi non plus

Chanson française, je t’aime moi non plus

17 mars 2015

Quel est le point commun entre Johnny Halliday, Claude François et Jacques Brel ? Une certaine idée de la langue française et bien souvent un usage trop léger du Bescherelle. Collectionneur, le chanteur Alister, à la tête du mook Schnock et auteur-compositeur, signe une ode à la chanson française et à ses erreurs dans “Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française”.

Pendant 27 ans, j’ai entendu (et fredonné à de nombreuses reprises) Dalida chanter : “J’ai mis de l’or dans mes cheveux”, extrait de son tube "Il venait d'avoir 18 ans". Je vivais dans l’erreur puisque la chanteuse franco-egypto-italienne nous raconte en fait : "j'ai mis de l’ordre dans mes cheveux”. Beaucoup moins poétique vous en conviendrez.

Je dois cette découverte au chanteur Alister, Christophe Ernault de son vrai nom, co-fondateur et co-rédacteur en chef de la revue Schnock. Cet amoureux de la “culture populaire française des années 60-70” a publié en novembre 2014 un recueil intitulé “Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française”, poursuite naturelle d’un article paru dans la revue en juin 2013. Un ouvrage malicieux  au “corpus avalisé par le CNRS” mais toujours bienveillant puisque, comme il le dit lui même citant sa tante, “qui aime bien charrie bien”.

“Fin août, début juillet”

Et à tout seigneur tout honneur, Alister explique que l’idée de cette anthologie lui est venue à l’écoute d’une chanson de Johnny Halliday intitulée “Les chiens de paille”. Alister s'attarde sur “ce trait de génie absurde que constitue la phrase : c’était fin août, début juillet”. Une vision du calendrier effectivement surprenante qui donne l'occasion à l'auteur de s’offrir une reconstitution de la scène de l'enregistrement du morceau en studio puis une explication de texte de la quasi totalité de la chanson.

Parce qu’au-delà de l'anecdotique, cette anthologie est aussi une vraie déclaration d’amour à la chanson française dans ce qu’elle a de plus chic (la faute de liaison de Barbara dans Drouot) au plus…étonnant, voire la rubrique Very Bad Titre avec sa fantastique liste de 130 titres de chansons (au hasard “Comment tuer l’amant de sa femme quand on a été comme moi élevé dans les traditions” de Jacques Brel).

Le recueil est organisé en rubriques de L’erreur historique à Offririez-vous ce disque aux gens que vous aimez ? Alister s'attaque aussi aux plus belles pochettes de notre répertoire en passant par de réjouissantes explications de textes telle que celle consacrée à l’Anamour de Serge Gainsbourg. On aime tout particulièrement les fameuses hallucinations auditives.

Alister retrace d’une plume alerte et drôle un riche et beau panorama de la chanson française des années 60 jusqu’aux années 80 sans prétendre toutefois à l'exhaustivité. Nulle nécessité donc d’être un auditeur assidû de Nostalgie pour y trouver son compte. Beau joueur, il admet aussi d’avance les erreurs qu’il aurait pu lui-même commettre. On découvrira au cours de la lecture aussi bien des anecdotes sur des morceaux connus que des “canards boiteux”. En revanche, en ce qui me concerne et nonobstant son côté “pas très écolo-responsable”, je continuerai à mettre de l’or dans les cheveux de Dalida.

Anthologie des bourdes et autres curiosités de la chanson française, Alister, La Tengo éditions, 2014, 19 euros.