Palme d'Or
: "Tel père, tel fils" Le film de Hirokazu Kore-eda a fait forte impression sur la Croisette et a suscité une quasi-unanimité en sa faveur. Cette histoire d'enfants "échangés" à la naissance est une réflexion sur la paternité, sur les liens du sang, les liens affectifs, etc… L'émotion a, apparemment, été au rendez-vous. Suffisamment pour obtenir le titre suprême ?
Grand Prix
: "The Immigrant" Le film est projeté cette fin de semaine et l'on ignore encore comment il sera accueilli, mais on aimerait bien que, pour une fois, le palmarès cannois n'oublie pas James Gray (comme ce fut le cas en 2000 avec "The Yards", en 2007 avec "La nuit nous appartient", et en 2008 avec "Two Lovers").
Prix d'interprétation féminine
: Marine Vacht ("Jeune & Jolie") Le film de François Ozon a reçu un accueil plutôt nuancé (en gros "c'est un bon film, mais il n'y a pas de quoi tomber à la renverse"), mais son interprète principale a mis tout le monde d'accord. Marine Vacht, qui a commencé comme mannequin à l'âge de 15 ans, trouve, à 23 ans, un rôle qui a de quoi faire décoller sa carrière. En lycéenne qui se prostitue, elle a bluffé les festivaliers qui n'avaient que son nom à la bouche et jurent "qu'elle est une future grande".
Prix d'interprétation masculine
: Souleymane Démé. "Grigris" n'a pas chamboulé la Croisette, mais ce personnage d'homme à la jambe paralysée qui se rêve danseur mais se voit obliger de travailler pour des trafiquants d'essence a tout du candidat idéal au prix d'interprétation. Et ce serait un moyen de récompenser le seul film africain – il s'agit d'un long métrage tchadien – en compétition cette année.
Au cas où le jury penche pour des acteurs connu, on mettrait bien une pièce sur un prix ex-aequo attribué à Michael Douglas et Matt Damon dans le biopic "Ma vie avec Liberace", à l'atmosphère over-kitsch brushing-laqué et cols pelle à tard.
Prix de la mise en scène :
Nicholas Winding-Refn ayant décroché ce prix pour "Drive" il y a deux ans, il risque de ne pas faire rebelote avec "Only God Forgives". Du coup, on est partagé entre les chances du noir et blanc de "Nebraska" et celles de la mise en scène pop de "La Grande Bellezza".
Prix du jury
: Ce prix récompense le "chouchou" du jury. Un film plein de qualités mais qui n'a pas l'envergure d'une Palme. Le thriller surréaliste néerlandais "Borgman" semble bien placé pour l'emporter (à moins qu'il ne reparte avec un prix de la mise en scène ou du scénario… ou la Palme). Sinon, on verrait bien la première incursion en Europe du cinéma de l'iranien Asghar Farhadi, "Le Passé", repartir avec cet accecit (il paraît que Nicole Kidman était en larmes à la fin de la projection).
Prix du scénario
: "La Vie d'Adèle" dure plus de trois heures alors qu'il est adapté d'une bande dessinée, "Le bleu est une couleur chaude", d'une centaine de pages. On se dit que le scénario doit être maousse et qu'Abdellatif Kechiche a des choses à dire et à filmer. L'histoire d'Adèle, une ado qui va "découvrir le désir" en rencontrant une femme de dix ans son aînée, ne devrait pas laisser la Croisette insensible. Et puis, Kechiche étant un formidable conteur d'histoire, sa présence au palmarès serait amplement méritée.