Au septième ciel

Au septième ciel

Au septième ciel

Au septième ciel

19 juillet 2011

Le concept des concerts en appartement, si répandu en Allemagne ou aux Etats-Unis, a mis du temps à se développer en France mais connaît récemment un véritable succès. Les concerts du 7ème Ciel, organisés par nos amis de POPnews, font partie des pionniers et ont toujours gardé leurs principes d'origine qui reposent essentiellement sur le partage. Cela fait maintenant quatre ans que Damien et Julie offrent leur appartement quelques soirées d'été à des artistes à découvrir et à un public inconnu.

Au septième étage d’un appartement parisien sont donnés des concerts, les Concerts du 7ème Ciel. Le projet a démarré quand le couple a emménagé dans cet étonnant appartement du XVIIIe arrondissement. Un soir dans son lit, Damien était scotché devant sa superbe vue du Sacré Cœur et trouvait bien dommage de la garder juste pour lui. Disposant de deux terrasses, le couple profite d’une vue à trois cents degrés sur les toits de Paris.

Passionné de musique et pourtant néophyte dans l’organisation de concerts, il décide alors d’organiser des concerts sur sa terrasse. Mais l’intérêt n’était pas d’en tirer quelconque profit. « Je voulais absolument que ce soit gratuit, pas de vente d’alcool, un esprit totalement altruiste. Le but n’était pas non plus de faire du buzz… Tout repose sur le partage. Nous, on partage notre appartement avec des inconnus, le groupe partage sa musique sans être payé, POPnews partage un espace. Les gens apportent à manger, à boire. Zéro argent nulle part ! »

Un concours pour obtenir le sésame

Damien a alors commencé à contacter des groupes qu’il connaissait. « La première année, ça a mis un peu de temps à se mettre en place. POPnews n’était pas tout le temps là. Mais cela s’est super bien passé, on a eu des bons retours de la part du public, de la part des artistes également. On a donc décidé de continuer. Pour la deuxième année s’est mise en place l’organisation actuelle. »

Une organisation qui s’est rodée au fil des années. Pour pouvoir monter au 7ème Ciel, il faut participer aux concours via le site de musiques actuelles, POPnews. Damien insiste sur l’apport de ce partenariat : « Je me suis aperçu que je prenais du plaisir à faire venir des groupes dont personne ne parlait, même dans les webzines. Je trouvais ça dommage. Le fait de passer par POPnews donne un certain éclairage sur le travail des groupes même s’il n’y a pas forcément de reviews, il y a de toute façon le concours. Ce projet n’est pas seulement d’organiser des concerts, c’est aussi donner une petite place à des groupes que je défends et que j’aime beaucoup. »

Les gagnants arrivent assez en avance pour découvrir les lieux et prendre un verre. Les concerts débutent, dès que le Sacré-Coeur s’illumine. Le public s’amasse alors sur cette terrasse souvent trop petite mais pour le moins accueillante. Le public très silencieux, hors applaudissements, écoute avec une attention rare le set du premier groupe avant d’aller se resservir un verre pendant l’entracte. Après le deuxième groupe, l’appartement se vide légèrement. La soirée se poursuit avec les artistes jusqu’à ce que le dernier convive soit parti. La majorité du public semble musicalement averti mais vient autant pour la découverte du lieu que pour les groupes programmés qu’elle ne connaît pas forcément.

Bien que travaillant en partenariat, cette programmation est généralement décidée par Damien seul. « J’ai toujours contacté les groupes en direct, dès le début je me suis rendu compte que ce n’était pas la peine de passer par les maisons de disques, les manageurs ou les tourneurs, c’était souvent négatif. La vérité c’est que si les mecs n’ont pas de thunes à se faire, ils s’en foutent. J’ai présenté l’idée moi-même aux groupes et le plus souvent ils me disaient oui. »

Un atout pour les artistes

Il essuie juste quelques refus d’artistes qui ne comprennent ni le concept, ni ce que celui-ci peut leur apporter. « Pourtant j’ai toujours pensé que jouer ici était un vrai plus pour un groupe. Le fait d’avoir des belles photos de live, pour un petit groupe, au niveau promotionnel, ça n’a pas de prix. Puis on les reçoit quand même super bien, s’ils n’ont pas de thune pour l’hôtel, ils squattent ici ou chez des potes. Quand il s’agit de groupes connus, on les chope entre deux dates, ils sont libres et ils sont ravis de faire ça ! Généralement ils trouvent le projet décalé et marrant à faire. » La plupart des artistes du 7ème Ciel qui sont passés par cette terrasse ont le point commun de ne s’être jamais enfermés dans un genre.

Parfois il a donc fallu batailler et vendre le projet, mais plus il avançait, plus il était facile de faire venir des groupes. Aidé en cela par l’existence d’un vrai site, de vidéos en ligne, de photos. « Maintenant, j’ai énormément de groupes qui demandent à venir. Mais je tiens à ce que ce soit moi qui aille vers eux. Sur la quarantaine de groupes reçus, il y en a un qui m’ont contacté et un autre, Loney Dear, pour qui je suis passé par la maison de disques. Tout le reste c’est de moi aux groupes. Dans l’idéal, j’aime bien qu’ils ne viennent qu’une fois. »

Ce projet a permis aussi à Damien de rencontrer de groupes qu’il affectionne particulièrement. « Il y a une chouette histoire avec And Also The Trees qui n’avaient jamais fait de concert acoustique et après être passé ici, l’idée leur est venue de sortir un album complètement acoustique. C’est rigolo que notre petit truc ait pu avoir une incidence sur l’évolution d’un groupe… surtout que c’était un de mes groupes préférés quand j’étais ado ! »

Des groupes des 90’s

Cette année, les revenants de Catchers sont programmés et se reforment pour l’occasion. « Lors d’une soirée avec Guillaume Sautereau (POPnews), on s’est dit que ce serait super de les faire venir. J’ai contacté Dale en me disant que ça ne marcherait pas. Cinq minutes plus tard, Dale m’envoyait un mail disant qu’il était ok. On s’est ensuite dit que ce serait bien de faire venir des groupes des 90’s qu’on aimait bien ! » Et ça marche, St Christopher, Theo Hakola, Peter Astor vont fouler la terrasse du 7ème Ciel pour cette quatrième saison. « Mais je ne tiens pas à que ce soit le "7ème ciel de la nostalgie". C’est pour ça que chaque soir, est aussi présent un groupe débutant… Mais, j’ai presque reçu toutes mes idoles des 90’s! »

Néanmoins, le couple souffre parfois d’une certaine lassitude et essaie de s’ouvrir à d’autres horizons. « Forcément au bout de 4 ans, le projet est moins rafraichissant. Déjà l’an passé, on avait essayé de le faire évoluer. On avait fait venir une troupe de théâtre et une troupe d’improvisation théâtrale. C’était très bien. J’aimerais inviter un groupe de musique classique, et proposer plus de théâtre. Je ne veux pas enfermer le projet dans le milieu de la musique indé. Je n’aime pas les chapelles, quelle qu’elle soit. J’ai eu un article dans Glamour et ça ne me gêne pas, j’espère que ça peut donner des idées aux personnes qui lisent ces magasines. Mon but est de créer du lien social avec les gens, ce n’est qu’une goutte d’eau mais si ça peut leur donner des idées… Je ne fais aucun plan d’année en année, on décide avec Julie de le refaire ou pas. Chaque année on se remet en question car cela demande beaucoup d’énergie. Préparer à manger pour tout le monde, nettoyer l’appart quand il y a eu cinquante personnes la veille, etc. Parfois, j’en ai marre. Mais ça ne vaut pas le coup d’arrêter… » Cette saison le couple a réduit la fréquence, de douze soirées programmées en 2009, ils en sont passés à huit. Mais deux groupes sont généralement présents chaque soirée.

Julie et Damien restent toujours agréablement étonnés, chaque soir, par la gentillesse du public. POPnews essaie de faire participer chaque fois des personnes différentes. À part une minorité, ce sont toujours de nouvelles têtes qui posent toujours les mêmes questions. « Je vois bien que les gens ne s’attendent pas à ça. Le fait d’ouvrir sa maison à des inconnus ! Mais faut arrêter d’avoir peur de l’autre ! On vit dans une société où les gens ont peur. J’espère que ceux qui voient notre projet remarquent qu’il ne faut pas marcher à la peur. La peur c’est se couper de l’autre. Plus les sessions passent et plus cette idée me tient de plus en plus à cœur. Je ne m’en suis pas aperçu au début mais ma démarche est aussi politique. »

Et tout ce que Damien attend, c’est que d’autres prennent la même initiative. « Il ne faut pas hésiter à demander à ses groupes favoris de venir jouer chez soi ! Si moi je peux le faire, tout le monde peut le faire, il faut juste oser ! Vous n’avez pas besoin de terrasse ! Il faut juste un salon suffisamment grand, puis avoir la chance de travailler avec des gens qui sont sur la même longueur d’onde que vous. Et nous avec POPnews c’est le cas. »

 

Prochains concerts :

– Jérôme Minière & Agathe (28/07)
– St Christopher & The Missing Season (30/07) 
– Catchers & This Is The Kit (06/08)

 

> Belle Arché Lou – enregistrée le 1er juillet, avant l’arrivée des gagnants.

> Photo n°1 par Keith Hoogewys, n°2 par Bastien Leblanc, n°3 et 4 par Guillaume Sautereau.