Les slogans résument bien l’état d’esprit de la cause défendue. « Sans or, on vit. Sans eau, on meurt », « L’eau et la vie, oui. La dictature, non ». Ces formules sont scandées par des centaines de Péruviens – paysans, écologistes, étudiants, syndicalistes, etc. – qui viennent de s’élancer dans une « Grande marche nationale pour l’Eau » à travers le pays. Ces marcheurs des régions minières se mobilisent pour alerter les autorités, les habitants et les observateurs internationaux contre le peu de cas fait de leurs ressources en eau et des lagunes environnantes (présence de cyanure et de mercure dans le procédé d’extraction, par exemple).
En ligne de mire notamment, le projet Conga, à Cajamarca (nord du pays), prévu pour 2014 : un projet de mine d’or et de cuivre qui mobilise la population locale depuis des mois. Et qui menace très sérieusement l’approvisionnement en eau de certaines régions du pays. Argument choc de la compagnie minière qui gère le futur chantier : quatre lacs-réservoirs seront certes sacrifiés… mais remplacés par des lacs artificiels plus grands. Ouf.
« Nous marcherons pacifiquement pour défendre notre eau, parce qu’ils veulent mutiler nos vies », a déclaré à la presse Lourdes Huanca, une paysanne de Cajamarca, ce mercredi, jour du départ. Les marcheurs et manifestants de plusieurs régions doivent se retrouver le 9 février à Lima, la capitale, avec comme événement de clôture, un « Forum national de justice hydrique » deux jours après. L’occasion de s’interroger sur la question du droit à l’eau face aux activités des industries extractives.