Un coq bâillonné façon sado maso, des couronnes mortuaires aux messages explicites, des chiens et des hyènes bavant, la gueule ouverte ornée de fleurs, des portraits de femmes au visage de mort… Bienvenue dans l’univers d’Éric Lacan. Celui qui fait passer de l’humain à l’animal, de l’animal à l’humain, où les limites entre les deux sont tellement infimes qu’ils finissent par se confondre, pour finalement ne plus savoir qui est qui. Après une année de travail, les œuvres sont là. Avec « All monsters are human », Éric Lacan signe son deuxième solo show à la galerie Openspace à Paris du 4 novembre au 15 novembre.
Au total, une trentaine d’œuvres, de la peinture aux photos en passant par des œuvres en papier découpé. L’occasion de retrouver la touche et la technique de l’artiste qu’il a développées d’abord dans les graffitis dans le sud de la France dans les années 90, puis avec le collage de grandes affiches en noir et blanc dans les rues de Marseille, Paris, Londres ou Barcelone, où il répand son univers sombre, romantique et passéiste, quelques années plus tard.
En avril 2013, Éric Lacan passe de la rue à la galerie avec sa première exposition « Seventeen Seconds ». « All monsters are human » est l’évolution de ce qu’Éric Lacan a toujours voulu faire en termes de sujets et de technique. « La galerie de portraits bestiaires et la galerie de portraits décharnés se sont faites de manière spontanée et instinctive. Une fois un certain nombre de portraits accumulés, ça m’a suggéré une idée de galerie de portraits : confronter l’humain et l’animal », s’est confié l’artiste à Citazine.
Du street art à l’école flamande
Pour autant, pas de message précis. Ni publicitaire et encore moins politique. Car comme l’explique Éric Lacan, « tout est dans la suggestion. S’il y a un message, on dévoile la fin du film ». À chacun donc d’avoir ses propres ressentis, ses propres émotions, de se poser ou non des questions, de voir de quel côté l’on se place.
Jusqu’au titre de l’exposition, l’artiste se joue de l’ambigüité. « L’ambigüité est ce qu’il y a de plus intéressant pour tout le monde, pour les gens qui aiment ou ceux qui n’aiment pas », souligne Éric Lacan. L’objectif est de « s’accaparer les œuvres », « d’appeler à la réflexion » et de « faire réagir ». Mais l’artiste n’attend pas de réaction précise. Rigolo, malsain, ou juste une image. Il faut voir cette exposition comme un « jeu », où plusieurs pistes s’ouvrent à nous.
Animal, obscur, romantique… Autant de mots qui viennent à l’esprit lorsque l’on pénètre dans la galerie. Avec un trait vif et fluide, une pointe de nervosité donnée par le noir et blanc, les œuvres combinent la modernité du street art déployée par Monsieur Qui, et le classicisme des Vanités de l’école hollandaise et flamande de l’époque baroque, caractérisées par la présence d’un crâne humain qui évoque le triomphe de la mort. Sans oublier l’entrelacement des codes de la peinture et de la gravure. Le travail nous interpelle, notre regard est secoué, notre esprit est torturé.
L’artiste nous prend par la main et nous emmène affronter nos peurs et nos angoisses. Ou quand l’anthropomorphisme prend tout son sens. Et finalement : Qui est l’humain ? Qui est le monstre ? Quel est l’humain qui sommeille en nous ? Quelle est la part d’animal que nous dévoilons ?
> « All monsters are human », Éric Lacan, du 4 au 15 novembre à la Galerie Openspace, 56 rue Alexandre Dumas, 75011 Paris.