Les sales gamins de l’art

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Les sales gamins de l’art

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6 décembre 2011

Lyon profite de sa Biennale d'art contemporain pour exposer le lowbrow et le pop-surréalisme. Il reste un peu plus d'un mois pour aller voir Les Enfants Terribles et appréhender l'ampleur d'un mouvement qui, après avoir été méprisé, s'invite dans les salons artistiques.

Diaporama Les sales gamins de l'art - Caia Koopman - détail d'une toile
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Caia Koopman - détail d'une toile
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Caia Koopman - détail d'une toile
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Caia Koopman
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Jeff Soto - diptyque autobiographique
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Jeff Soto
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Todd Schorr - détail d'une toile
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Todd Schorr - détail d'une toile
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Odö
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Odö
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Odö
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Odö
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Naoto Hattori
Diaporama Les sales gamins de l'art
Diaporama Les sales gamins de l'art - Naoto Hattori
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Diaporama Les sales gamins de l'art - Joe Sorren - détail de sculpture
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fleche avantfleche avant
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Il y eu le hip-hop, et les punks, avant eux les dadas ou les surréalistes. On disait d’eux qu’ils étaient des sales gosses, des « racailles », tout juste bon à salir les mots, la musique, les murs. Et puis le temps passe, le regard change et aujourd’hui, l’art de rue entre dans les musées, l’avant-garde est célébrée. C’est ainsi qu’on entend aujourd’hui parler du lowbrow, et qu’est née la pop surréaliste. Hors cadre mais pas loin, la « sous culture » s’expose pendant la Biennale de Lyon jusqu’au 31 décembre, au Plateau et avec la participation de la galerie SpaceJunk. Oui, la « sous culture », car c’est un peu la traduction qu’on pourrait faire de « low brow » qui signifie littéralement « bas du front ». Débile. Inculte. Idiot. C’est en tout cas la manière dont les tenants de la Culture, les galeristes et autres bien-pensants semblaient considérer le travail de Robert Williams ou Robert Crumb, précurseurs de ce mouvement artistique.

Les sales gamins de l'art

À l’origine était le snobisme

Robert Williams commence à sévir dans les années 60 et participe à toutes les expériences issues de l’underground et notamment autour du mouvement punk de la fin des années 70. C’est d’ailleurs une de ses sculptures qui ouvre l’exposition, représentant l’expression américaine « To shines like a diamond in a goat’s ass » (traduction : « péter plus haut que son cul ») : à elle seule, elle nous indique, en gros, quel fut l’accueil que réservaient les tenants du bon goût à ces artistes.

Odö - Les sales gamins de l'art

En référence à la culture de masse, ils sont jugés totalement incultes et on les accuse de niveler par le bas. Pensez donc ! Inclure Mickey et Coca Cola dans un tableau, les comics et les super héros, toute une culture américaine ou japonaise « bas de gamme » qui n’avait pas sa place dans la Culture avec un grand C. Qu’à cela ne tienne : ils feraient de la culture avec un petit c. Tatouage, graffiti, planche de skate ou de surf, t-shirt, bande dessinée (Robert Crumb est l’un des représentants les plus éminents de la culture lowbrow, mais aussi l’un des maîtres de la BD underground américaine). Ils s’expriment partout où ils peuvent. Les artistes lowbrow s’inspirent de la rue, de ce qu’elle donne à voir, de ce qu’elle offre. C’est d’elle dont ils parlent, et c’est à elle qu’ils s’adressent. Ils se servent de la rue et de la pop culture tant dans l’inspiration que sur les supports utilisés pour mieux coller à leur réalité, pour la montrer totalement, telle qu’elle est. Sans la rendre ni plus jolie ni plus laide.

Un regard sévère sur la société

C’est tout naturellement que le milieu de la glisse offre un espace de liberté aux tenants du lowbrow. Fringues, planches, street art, tatouages, etc. Ils investissent tous les supports. Dans ces lieux, ils conquièrent leur premier public. Avec les surfers et les skaters, ils partagent une certaine vision de la société.
L’écologie est au cœur de leurs préoccupations. La société du gâchis et du jetable, le manque de solidarité, l’individualisme et le rapport à la nature sont les thématiques que l’on retrouve chez chacun de ces artistes, comme un fil conducteur.

Les sales gamins de l'art

Pour eux, notre société va trop vite, elle ne se regarde pas assez et ne fait que courir en avant sans se remettre en question. Elle casse plus qu’elle ne crée, et les dommages qu’elle cause sont parfois irrémédiables. La marée noire, la destruction et la « malbouffe » reviennent de manière récurrente comme chez l’australien Reg Mombassa avec ses Jésus en croix dans des déserts arides. On retrouve aussi l’absurdité de l’action humaine, comme chez le Chilien Victor Castillo et ses hyènes aux croix gammées sur des décombres dans une lumière froide et verte. Enfin, l’humour et l’ironie sont souvent présents comme chez Nicolas Thomas ou Joe Sorren : ultime pied de nez à la société et à la culture – la vraie ?

Du lowbrow au pop-surréalisme

N’en déplaise à l’intelligentsia, ni Odö et ses personnages aux orbites vides, ni Caia Koopman et ses crânes mexicains ne font preuve d’inculture en utilisant, pour dénoncer l’individualisme excessif de la société, la métaphore des vanités. Le recours aux vanités est un classique de la nature morte depuis le Moyen Age. Crânes humains, plumes, sabliers, bougies… Les vanités évoquent la nature vaine et illusoire de ce à quoi on s’attache (le pouvoir, la richesse, etc.) lors de notre passage sur Terre face au temps qui passe et la mort, inexorable, en bout de chemin.
Univers onirique, métaphores baroques, les artistes présentés dans l’expo Les enfants terribles utilisent des techniques classiques, comme pour prouver qu’ils sont des artistes complets. Jusqu’à devenir, eux aussi, un terme en « -isme » avec la naissance du pop-surréalisme.

Reprenant les thématiques pop et lowbrow, les tenants du pop-surréalisme utilisent des techniques très classiques. On peux citer Mark Ryden qui est récemment entré sur le marché de l’art contemporain, Todd Schorr pour le rendu très baroque et classique, ou Naoto Hattori pour l’aspect miniature, qui n’auraient rien à envier à un Fra Angelico : couleurs, aspect « 3D » de certains éléments grâce à des techniques utilisées par les Grands Maîtres, mise en exergue de volumes et de détails… Les Enfants Terribles ont su montrer l’étendue de leur talent et c’est grâce au pop-surréalisme et à sa force technique que les regards se sont arrêtés sur le lowbrow et ses messages.

Foncez-y, c’est à Lyon, jusqu’à la fin décembre, c’est gratuit de même que les explications de la guide, et vous auriez tord de vous en priver, au risque de louper les 1001 câbles sur les crânes des chouettes de Jeff Soto !

Toutes les photos de l’exposition ont été faites par ©solene-andre.