Kaizer Modo, en mode rétro

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18 octobre 2011

Kaizer Modo aime le vintage... et les têtes de mort. Ses œuvres, collages, peintures, poupées sont singulières. Rencontre avec un personnage fasciné par l'esthétique de la religion, dans son atelier, sa Pinkhouse.
Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - | Photo Kaizer Modo
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - Photo de famille, commande d'un client. | Photo Kaizer Modo
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - Faire-part de naissance. | Photo Kaizer Modo
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - L'atelier, la caverne de Kaizer Modo. | Photo DR
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - Poupée pirate. | Photo DR
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - Tête de mort. | Photo DR
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - Tête de mort. | Photo DR
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - | Photo DR
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - Poupée, collection Chatmorts. | Photo DR
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Diaporama Kaizer Modo, en mode rétro - Poupée, collection Les Bras croisés. | Photo DR
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Elle nous accueille l’aiguille à coudre à la main. En pleine confection d’un nouvel objet : une tête de mort rose en feutrine, enrubannée de strass. Concentrée et appliquée sur sa nouvelle réalisation, mais également attentive et bienveillante auprès des visiteurs. Ce jour-là, les ateliers d’artistes de Montreuil (Seine-Saint-Denis) font portes ouvertes en même temps que le bonheur des passants, curieux de découvrir les coulisses de fabrication. Maud, aka Kaizer Modo, 39 ans, a ouvert les portes de son lieu de travail, la Pinkhouse, qui se trouve être aussi son lieu de vie. Ce petit bout de femme filiforme, cette « tireuse de portrait », comme elle aime se définir, crée, en ce moment, essentiellement à partir de collages. Le principe est simple, le résultat étonnant. Réaliser un portrait, grâce à un montage de photos récentes et plus anciennes. La base, le décor, le paysage : une photo des années 50. Le visage, lui, sera découpé, extrait d’une autre image – actuelle celle-ci – les yeux agrandis, la tête décalée.

Résultat ? Un portrait, en volume, pas juste un montage numérique : un motard aux yeux exorbités, dans une posture… bancale, lunettes et casque rétro ajustés. Parfois même équipé d’un parachute. Ou encore un duo de majorettes loufoques, les yeux écarquillés, toutes dents dehors, entre sourire et grimace. Disproportionnée, démesurée, la tête produit son petit effet. Large sourire et mine surprise face à tant d’autodérision. « Au départ, le modèle, c’était souvent moi et mon fiancé. Et puis les clients sont venus avec les premières commandes. Soit les personnes m’envoient leurs clichés, soit je fais moi-même une séance photos rapide ». Tout le travail, son savoir-faire, peut alors commencer : partir à la recherche d’une photo vintage, chinée ou demandée gracieusement à des photographes. Il s’agit de dénicher la bonne photo. « Trouver l’expression du visage qui va avec le corps ». Pourquoi ce goût pour le sépia, le noir et blanc, les années 50 ? « J’ai une âme de collectionneuse et j’ai toujours aimé le passé. C’est simple, j’ai le culte de l’objet. A 15 ans, je possédais une collection de nains de jardin. Ensuite, j’ai collecté des coucous, puis des petites boîtes de produits pharmaceutiques. Et aussi des vierges et des crucifix ! »

Matériau de base ? Les sacs épais de la Poste

Cette culture de la récupération, précoce et variée, Kaizer Modo l’a mise en scène à travers des peintures à l’huile réalisées sur des sacs postaux. D’abord par souci d’économie. Ses premières œuvres représentent des petites filles, un personnage récurrent, très posé. Avec ce tissu épais, elle réalisera ensuite des poupées. Des doudous dodus, des poupées joufflues. Dix ans que cela dure. Un univers enfantin qui aurait pu ne jamais voir le jour sans l’intervention de Jack Lang. C’était en 1992. Il était alors ministre de la Culture et de la Communication du gouvernement d’Édith Cresson. « Je lui ai envoyé une lettre, avec des photos de ce que je produisais, pour lui demander s’il était possible de récupérer les sacs en toile de jute usagers de la Poste. J’en avais marre de les voler. Il m’a répondu qu’il en parlerait à la personne compétente, explique Maud, chef décoratrice dans l’audiovisuel. Peu de temps après, à quelques jours d’intervalle, je recevais deux réponses contradictoires, l’une négative, l’autre positive me faisant une dérogation. J’allais donc dans les centres de tri avec ce courrier et je revenais avec des camionnettes entières de sacs ! » Les précieuses lettres sont aujourd’hui sous-verre et encadrées dans un coin de l’atelier. Mais elles ne sont d’aucune utilité, la Poste refusant désormais de lui donner ces sacs. « Si j’avais su, j’en aurais pris davantage. Il m’en reste seulement dix… »

Photo Kaizer Modo

Dans l’atelier de Kaizer Modo, les poupées aux grosses têtes, les vieilles photos encadrées et la Vierge noire côtoient d’étranges têtes de mort conçues avec ces fameux sacs postaux. Des têtes de mort colorées (rose, rouge), joyeuses et souriantes. Presque maquillées. Un grand écart entre un monde enfantin des poupées et des objets évoquant la mort ? « Pour moi, tout cela est cohérent, il y a un lien entre chaque travail. C’est un univers. Ces têtes de mort sont gentilles, elles ne font pas peur. Je ne me moque pas de la religion, ne suis ni sataniste ni servante religieuse. C’est un petit ricanement », précise cette native de Tours qui réside à Montreuil depuis dix-sept ans. Parmi les artistes qui la font vibrer, les peintres Mark Ryden et Jeff Soto, ainsi que le sculpteur américain Kris Kuksi.

Attirée par l’esthétique de la religion

Toute de noir vêtue, cheveux courts, tatouée à volonté, une croix sur le décolleté, Kaizer Modo « ne croit en rien ». Mais elle se dit superstitieuse. Ce qui l’attire avant tout, c’est l’esthétique de la religion. Un rapport à la mort qui rappelle la conception mexicaine de la Fête des Morts, une journée de joie, fleurie. Tout le contraire d’un moment de tristesse. Les objets qui parent la boutique de Kaizer Modo évoquent cet artisanat populaire mexicain. « Je n’ai pas la prétention d’être une artiste. Mon travail se situe entre ce que fait un artisan et un artiste, explique celle qui a été très marquée par son année passée aux Etats-Unis, dans un quartier latino à Philadelphie puis à New York. Je n’ai pas de concept, je fais des choses. Point. Ce n’est pas réfléchi, c’est naturel. Je raconte une histoire, c’est ce qui sort de moi. Par exemple, je ne me reconnais pas du tout dans l’art conceptuel. Pour moi, c’est de l’art singulier ».

Un travail périphérique et marginal, loin des conventions, fruit d’un besoin vital de s’exprimer. Kaizer Modo se laisse porter. Elle n’étudie pas à l’avance les thématiques qu’elle va traiter. Kaizer Modo est spontanée, priorité aux coups de cœur. Que fera-t-elle après sa série de collages consacrés aux vieilles motos ? Depuis six mois, elle planche sur cette collection La Horde sauvage. Ensuite ? Elle n’en sait rien. « Je suis très productive, j’adore ce que je fais, que ce soit le collage ou mes poupées. Le plaisir est quasi instantané, c’est ça qui me plaît. Je suis comme une petite fille, très heureuse devant le résultat obtenu. Le plaisir, il est là. »

Photo DR

Toutes ses créations, estampillées du sceau KZ, Kaizer Modo, autodidacte, les expose dans son atelier, sa « caverne ». Il y a quelques années, elle était présente à la galerie Vendôme comme à l’Art de rien. Mais les temps ont changé, la crise économique est passée par là et les galeristes sont plus frileux avec les créateurs en marge. « Les galeries ne font confiance qu’aux artistes qui marchent déjà. Ceux qui vendent. Ils ne sont pas dans l’objectif de faire découvrir de nouveaux artistes. Je ne fais même plus la démarche d’aller vers eux. Avec le collectif Les Petites Mains de la République, nous essayons de créer nos propres expositions, des réseaux annexes. Et j’expose dans mon atelier, chez moi. Je ne suis limitée ni en espace ni en nombre d’objets. »

Maud a commencé à peindre aux côtés de sa maman, dans les années 1990, et s’essaie aujourd’hui aux dioramas : sorte de tableaux panoramiques en relief, proches de la maquette, avec des personnages en deux dimensions, et le souci du détails dans le décor et les objets. Là encore, son goût et son habileté à créer des personnages aux têtes bancales font mouche. La touche rétro toujours aussi précise.