Une immersion dans le « Khaos » grec

Une immersion dans le « Khaos » grec

Une immersion dans le « Khaos » grec

Une immersion dans le « Khaos » grec

Au cinéma le

Développer en filigrane la théorie du chaos dans le cadre d'un documentaire sur la crise grecque, c'est ce que s'est efforcée d'accomplir la réalisatrice autodidacte Ana Dumitrescu. « Khaos » sortira dès demain (10 octobre) dans certaines salles de cinéma.

Loin des habituels reportages réalisés par la multitude de journalistes ayant foulé les dalles brulantes d’Athènes, le documentaire « Khaos » plonge les spectateurs dans le quotidien des habitants d’un pays en proie à une crise économique d’ampleur. « C’est un travail complémentaire à celui des médias traditionnels, confirme Ana Dumitrescu, Je ne critique pas ce qui a été fait, mais j’apporte quelque chose de plus. » Un témoignage, une photographie à un instant-T, qui « devraient rester valables » longtemps.

Khaos, le film 

Quand, en effet, les journalistes « news » ne peuvent généralement se rendre sur place que pour quelques heures, la réalisatrice, d’origine roumaine, a tenu à prendre le temps de s’y immerger à plusieurs reprises sur une durée totale de cinq mois. Le tout avec un financement en fonds propres. Partant du postulat que « pour comprendre une situation, il faut lui donner un visage », l’idée était de dépasser la virtualité des termes de « crise » et d’« austérité », en s’intéressant à la vie, au quotidien, du premier concerné : « le peuple ». Un parti pris que l’on a pu lui reprocher. « Pourquoi serait-ce populiste de choisir cet angle ? Il est à la base de tout ! ‘Démocratie’ vient du grec ‘demos’ : le peuple. C’est à mes yeux un ‘documentaire démocratique.’» Un peuple également incontournable d’un point de vue économique : « Il travaille et consomme… Comment peut-on imaginer un retour à la croissance, s’il n’est même plus en capacité de faire cela ? »

Khaos, le film

Le chaos : « La fin d’une ère ? »

Pourquoi « Khaos » ? « L’idée n’était pas de faire dans le sensationnel. » Et la réalisatrice de développer les trois phénomènes de la fameuse théorie du chaos : effet dominos, effet papillon, et transformation du boulanger. Cette dernière reprend le mouvement analogue de l’artisan qui étire la pâte jusqu’au point de rupture, puis la replie en deux afin qu’elle retrouve sa dimension initiale. 
« Le chaos n’est pas uniquement négatif. Cela peut être une fin… ou un début. L’Histoire n’est qu’un perpétuel et long cycle. Peut-être ne sommes-nous qu’au début de la fin d’une ère ? Nous sommes à une époque où nous recherchons absolument des solutions à court terme… Alors qu’une restructuration ne s’envisage que sur le long cours. » Et la réalisatrice a d’autant plus pris ce recul qu’elle a collaboré avec l’historien et ethnologue grec Panagiotis Grigoriou, également bloggeur pour le site de Marianne2.fr, dont les commentaires font, dans ce documentaire, office de fil conducteur.

Khaos, le film

« L’austérité n’a pas de visage »

« Je n’ai pas souhaité réaliser un travail d’écriture trop poussé avant de me rendre sur place. L’idée était de me laisser aller au hasard des rencontres. » Et en effet, dans ce périple mené à travers la Grèce, Ana Dumitrescu nous entraine dans les dédales d’une crise qui s’infiltre dans tous les pores du pays. L’occasion de rencontrer des personnalités telles que le résistant Manolis Glezios, ou l’économiste Savas Robolis, mais aussi des graffeurs politiques, un cardiologue, une professeure, un restaurateur, un marchand de souvenir ou un loueur de yachts… On y retrouve également un prêtre orthodoxe, un producteur de coton, une étudiante… Et de décliner ainsi l’effet dominos, en démontrant qu’une seule chute peut entrainer l’effondrement de plusieurs. Puis l’effet papillon, quand un pays entier risque de s’effondrer. Autant de visages incarnant, bien plus que la « Troïka » (FMI, BCE et Union Européenne) tant haïe par le peuple grec et de ces fameux créanciers, cette « crise », dont on lit partout le nom, sans jamais vraiment savoir quelle forme lui donner. La réalisatrice s’est elle-même étonnée à son arrivée à Athènes du peu de traces de cette « guerre économique », avec laquelle on martèle les esprits depuis deux ans. « Il n’y a bien sûr pas de cadavres, pas de véritable guerre. La crise n’est pas forcément visuelle, d’autant plus que les Grecs sont très dignes, ils ne portent a priori pas les stigmates de cette guerre économique… Il n’est pas évident, au premier regard, de deviner ce qu’il se trame. L’austérité n’a pas de visage. » Ana Dumistrescu vient pourtant, en toute humilité et subjectivité, de lui en donner plusieurs.

Pour la programmation : http://www.khaoslefilm.com/
 

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