Foot américain, sauce frenchy

Foot américain, sauce frenchy

Foot américain, sauce frenchy

Foot américain, sauce frenchy

17 juin 2011

Samedi a lieu la finale du championnat de France de football américain entre Grenoble et La Courneuve. Loin du gigantisme qui prévaut aux Etats-Unis, la France creuse tranquillement son sillon dans une discipline encore jeune et toujours à la recherche d'un public. Mais elle ne veut pas forcément ressembler à son maître américain. Le football US version française a ses spécificités et il en est fier.
Diaporama Foot américain, sauce frenchy - France - Suède, en 2010. | Photo Van Tran Ngoc
Diaporama Foot américain, sauce frenchy
Diaporama Foot américain, sauce frenchy - France - Suède, en 2010. | Photo Van Tran Ngoc
Diaporama Foot américain, sauce frenchy
Diaporama Foot américain, sauce frenchy - France - Grande-Bretagne. | Photo Van Tran Ngoc
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Diaporama Foot américain, sauce frenchy - France - Grande-Bretagne. | Photo Van Tran Ngoc
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Diaporama Foot américain, sauce frenchy - | Photo Van Tran Ngoc
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Diaporama Foot américain, sauce frenchy - | Photo Van Tran Ngoc
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Diaporama Foot américain, sauce frenchy - | Photo Van Tran Ngoc
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Diaporama Foot américain, sauce frenchy - | Photo Van Tran Ngoc
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Diaporama Foot américain, sauce frenchy - | Photo Van Tran Ngoc
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Diaporama Foot américain, sauce frenchy - Flash - Giants, Eurobowl, juin 2009. | Photo Van Tran Ngoc
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En février, le foot américain était à l’honneur de chaque côté de l’Atlantique. Mais pas à la même échelle. Alors que le Super Bowl clôturait en fanfare la saison aux Etats-Unis, le championnat de France débutait en toute discrétion. Quatre mois plus tard, les Flash de La Courneuve et les Centaures de Grenoble se retrouvent pour se disputer le Casque de Diamant, symbole du titre de champion de France. Au stade Charléty (1), à Paris, où la Fédération française attend entre 10 et 15 000 personnes. Bien loin des 103 219 spectateurs du Cowboys Stadium de Dallas qui a accueilli le dernier Super Bowl. Le foot US, aux Etats-Unis et en France : une même discipline, deux conceptions du sport.

A la conquête de licenciés

Le foot américain est encore jeune dans l’Hexagone. Avec un premier club fondé en 1980 (le Spartacus de Paris) et une Fédération française créée trois ans plus tard, pas étonnant de constater que la discipline a mis du temps à décoller. Le nombre de licenciés est encore bien inférieur à d’autres sports (2), mais la croissance est spectaculaire. Plantée les pieds dans le gazon avec 2 400 licenciés en 1998, la France compte aujourd’hui près de 21 000 fanas du ballon ovale version US. Il faut rattraper le retard, la Fédération y travaille. Plutôt bien. « Le nombre de licenciés double tous les quatre ans, s’enthousiasme Marc-Angelo Soumah, président de la F.F.F.A. C’est un sport qui se développe très bien dans sa pratique mais pas dans sa visibilité. C’est ce qu’on essaie de changer. Certaines personnes ne savent pas encore qu’il y a du foot US en France. Il faut le faire entrer dans le paysage sportif hexagonal. » La discipline souffre donc davantage d’un manque d’informations que d’un rejet ou d’une méfiance envers un sport de contacts qui peut apparaître violent.

France - Suède, en 2010. | Photo Van Tran Ngoc

Autre signe d’un besoin de reconnaissance et d’ouverture vers le grand public, l’entrée gratuite pour la finale entre les deux meilleurs clubs français. Une chose impensable dans d’autres disciplines. Qui imaginerait la finale de la Coupe de France de football (le soccer) ou celle du Top 14 au Stade de France… pour 0 euro ? Personne.

La french touch

Si la France envie évidemment le succès retentissant de ce sport auprès du public américain, elle s’est accommodée des différences culturelles qui peuvent exister entre les deux pays. Avec même une certaine touche de satisfaction lorsqu’il s’agit de ne pas tomber dans le divertissement, aspect incontournable du foot US. La pratique sportive oui, le spectacle démesuré, non. « Nous ne sommes pas un vecteur pour la culture américaine, souligne Julien Luneau, président des Flash de La Courneuve. Nous sommes des passionnés qui veulent pratiquer un sport, le foot américain. Dans notre club, il n’est pas question d’habiller les rencontres de folklore américain avec des pom-pom girls, des grosses voitures, drapeau et hymne américains. Participer à une aventure originale, le foot US en France, mais pas consommer un spectacle. »

Marc-Angelo Soumah, ancien capitaine de l’équipe de France – une institution dans le pays (3) – va même plus loin. Pour lui, la France a su tirer profit du gabarit de ses athlètes. Plutôt agiles et rapides pour les Français, puissants et costauds côté américain. « Nous avons réussi à faire du foot américain… français ! On s’est développé avec nos spécificités et notre culture. Ça se ressent beaucoup lorsque nous rencontrons les autres nations, même européennes. Au rugby, on parle du « french flair », au foot américain du « french people ». Nous avons notre propre manière de jouer et d’approcher le foot américain et en sommes très fiers. » Une conception de la discipline totalement opposée à ce qui se pratique en Allemagne et en Autriche, les deux nations européennes les plus en vue ces dernières années. Où il n’y a aucun complexe à assumer le divertissement à l’américaine.

Un championnat de France invisible médiatiquement…

Lors du Super Bowl, près de 111 millions de personnes étaient branchées sur la Fox pour observer la victoire des Green Bay Packers sur les Pittsburgh Steelers (31-25). Une audience record pour un événement sportif aux Etats-Unis. Sans comparaison aucune, mais quand même, les Flash de La Courneuve et les Centaures de Grenoble auront droit à une diffusion en direct sur… la chaîne Orange Sport Event et sur le site internet orangesport.fr. A l’exception de cette finale, aucun match du championnat de France n’est diffusé à la télévision.

Flash - Giants, Eurobowl, juin 2009. | Photo Van Tran Ngoc

Globalement, les médias se désintéressent totalement d’un sport encore trop méconnu du public pour attirer les annonceurs. « Ce serait bien d’avoir une meilleure exposition médiatique, bien sûr. Mais finalement, elle est à la hauteur de ce qu’on propose, de ce qu’on est, c’est-à-dire un sport encore relativement peu ouvert, plus intimiste et cloisonné, précise Julien Luneau qui a pris sa première licence au Flash à l’âge de 13 ans. D’un autre côté, en tant que militant associatif, je n’ai pas envie que l’on tende vers une semi-professionnalisation de la pratique, avec une démarche tournée vers plus de média, plus d’argent, de show et de divertissement. »

… mais des joueurs observés de l’étranger

Le championnat (avec seulement huit clubs dans l’Elite, la division 1) a besoin de s’étoffer, de gagner en qualité pour ne pas voir ses meilleures pousses traverser l’Atlantique et répondre à l’appel du pied des recruteurs américains ou canadiens. Des championnats qui font rêver les plus jeunes, dès l’adolescence. « Les Américains sont très forts pour repérer les bons joueurs, analyse Marc-Angelo Soumah, lui-même remarqué et sélectionné par les Cleveland Browns en 2003, alors qu’il portait les couleurs du Francfort Galaxy. Il faut que l’on se protège en offrant de belles perspectives à ces jeunes. Notre championnat doit être plus compétitif. Il faut que l’on puisse les retenir pour qu’ils murissent et soient plus armés avant de partir vers les Etats-Unis par exemple. Aussi leur expliquer qu’on ne devient pas professionnel en appuyant sur un interrupteur. C’est un long travail. »

France - Grande-Bretagne. | Photo Van Tran Ngoc

Revers de médaille de la bonne formation à la française, l’an passé, l’équipe junior du Flash de La Courneuve – le club phare français – a été pillée : douze joueurs sont partis rejoindre le Canada. Souvent trop jeunes, mal préparés au départ, l’adaptation est difficile et le retour très douloureux pour des Français impatients d’en découdre dans des championnats très relevés et sélectifs. En ligne de mire, la NFL (National Football League), l’organisation qui gère le championnat professionnel aux Etats-Unis. Le summum, la récompense suprême pour tout joueur de foot américain.

L’équipe nationale comme moteur

La reconnaissance d’un sport auprès du grand public passe souvent par la mise en avant de l’équipe nationale, avec un capitaine, un leader de troupes. Un modèle pour les jeunes. En France, le foot américain est aujourd’hui à la recherche d’un second souffle pour s’imposer à l’échelle européenne puis mondiale. Et l’équipe de France dans tout ça ? Elle pointe à la deuxième place des nations européennes depuis sa médaille d’argent obtenue à l’Euro 2010 en Allemagne. Cet été en Autriche (du 8 au 16 juillet), les Bleus vont tenter de briller à la Coupe du monde. Une nouvelle marche à franchir. Une compétition encore récente, dont les tenants du titre… sont les Etats-Unis. L’occasion de montrer un peu plus la french touch.

> Mise à jour du 20/06 :

Grâce à sa victoire face aux Centaures de Grenoble (45-27), le Flash de La Courneuve est devenu champion de France, pour la neuvième fois de son histoire. Un record pour un club français.

(1) Finale du championnat de France Elite de football américain, samedi 18 juin (coup d’envoi à 15 heures, ouverture des portes dès 11h30), au stade Charléty (Paris XIII).
(2) A titre de comparaison, le football (le soccer) compte 2,23 millions de licenciés, le tennis 1,12 million, le basket-ball 449 263 licenciés, le handball 392 761 et le rugby 322 231. (Source : Secrétariat d’Etat aux Sports et Ministère de la Jeunesse et des Solidarités actives).
(3) Huit titres de champions de France Elite, il a également été professionnel au Francfort Galaxy de 2001 à 2004, en NFL Europe.