Décorateur en justesse

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Au cinéma le

Nicolas de Boiscuillé est chef décorateur de cinéma. Depuis quinze ans, il recherche, imagine et conçoit des décors. Loin de privilégier l'esthétique ou la beauté absolue de la décoration, il s'attache à créer une ambiance la plus juste possible. Un décor authentique qui devra se faire oublier par le spectateur...
Diaporama Décorateur en justesse - Nicolas de Boiscuillé sur le tournage de Polisse. | Photo DR
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Diaporama Décorateur en justesse - Polisse est en lice pour la Palme d'or, à Cannes. | Photo Mars Distribution
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Diaporama Décorateur en justesse - Maïwenn, réalisatrice et actrice dans Polisse. | Photo Mars Distribution
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Diaporama Décorateur en justesse - Polisse sortira le 19 octobre 2011 en France. | Photo Mars Distribution
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Diaporama Décorateur en justesse - Nicolas de Boiscuillé a dirigé l'équipe décoration sur Polisse. | Photo Mars Distribution
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Diaporama Décorateur en justesse - Nicolas de Boiscuillé, à gauche, avec Dominique Coste, régisseur d'extérieur, sur le tournage de Polisse. | Photo DR
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Diaporama Décorateur en justesse - Les amitiés maléfiques | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Les amitiés maléfiques | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Insoupçonnable | Photo David Verlant
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Diaporama Décorateur en justesse - Insoupçonnable | Photo David Verlant
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Diaporama Décorateur en justesse - Le bal des actrices | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Le bal des actrices | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Le bal des actrices | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Belleville Story | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Belleville Story | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - La maquette de la scène du labyrinthe, dans Belleville Story.
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Diaporama Décorateur en justesse - Tel père telle fille | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Tel père telle fille | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Tel père telle fille | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Royal bonbon | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Les amitiés maléfiques | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Le bal des actrices | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Insoupçonnable | Photo David Verlant
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Diaporama Décorateur en justesse - Insoupçonnable | Photo David Verlant
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Diaporama Décorateur en justesse - Insoupçonnable | Photo David Verlant
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Diaporama Décorateur en justesse - Le Puits, court métrage sorti en 2001. | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Le Puits | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Le Puits | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Ich Bombe | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Ich Bombe | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Ich Bombe, dont l'action se déroule dans un hôpital psychiatrique. | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Diaporama Décorateur en justesse - Le Puits | Photo Nicolas de Boiscuillé
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Jeudi 14 avril 2011. Thierry Frémaux dévoile la liste définitive des films en compétition officielle du 64e festival de Cannes. Parmi les dix-neuf longs métrages en lice pour la Palme d’or, le délégué général annonce Polisse, de Maïwenn (1). Ce film, qui raconte le quotidien de policiers à la Brigade de protection des mineurs de Paris, c’est Nicolas de Boiscuillé qui en a imaginé et créé les décors. Lui et son équipe. C’est la deuxième fois que le chef décorateur collabore avec la réalisatrice, après Le bal des actrices, sorti en 2009. Mais en quoi consiste exactement son travail ? « C’est une des facettes de la mise en image du scénario. Il s’agit d’ appuyer une narration par du volume et de la couleur », souffle l’intéressé.

La relation très étroite avec le réalisateur commence très tôt. Après lecture du scénario, c’est un casting qui départagera les chefs décorateurs en concurrence. Certains proposent alors leurs idées, des dessins, leur vision du futur décor. Ou leur travail passé. Nicolas de Boiscuillé lui, a ses petites habitudes. « Je n’aime pas arriver et proposer quelque chose sans connaître la personnalité du réalisateur. Je ne veux pas non plus tomber dans des recettes toutes faites selon le genre du film. Je dois m’adapter au scénario original et aux envies du réalisateur. »

Nicolas de Boiscuillé - photo DR

Une fois le choix du réalisateur effectué, c’est -déjà- une course contre la montre. Epaulé et secondé par une équipe décoration qu’il a choisie (2), le chef décorateur dresse, pour chaque scène, la liste de tous les besoins du film (décors, accessoires, etc.) : c’est le dépouillement. La phase de préparation du film, la préproduction, se poursuit avec le repérage des lieux de tournage. Une plongée dans un environnement réel à la recherche d’un décor pour le film. « Pour Polisse, nous avons trouvé un lieu adéquat. Je disposais d’un ancien centre des impôts pour reconstituer une brigade de police. Ce lieu sentait l’administration à plein nez, lance, amusé, Nicolas de Boiscuillé. Même les couleurs étaient parfaites. C’était une très bonne base pour travailler. »

Beau décor, décor manqué

Mais à quoi tient la réussite d’un décor de film ? A son esthétique ? Mauvaise réponse. C’est précisément tout l’inverse. Le chef décorateur ne cherche pas à en mettre plein la vue, ni à réaliser un beau décor. « Il ne suffit pas de faire la plus grosse meringue pour que le décor fonctionne dans le film. Il faut être juste, précise Nicolas de Boiscuillé. Il ne faut pas que le spectateur voit le décor mais qu’il soit avec les personnages. S’il se dit « Tiens, il est beau ce décor« , c’est qu’il est manqué. C’est une catastrophe. Le décor doit être une évidence. Ce qui compte, c’est la justesse. » Cette justesse, Nicolas de Boiscuillé la travaille. Et cela fonctionne. Pour Polisse, l’équipe était à la recherche d’un endroit pour reconstituer un camp de Roms. L’idée initiale, un parking, a vite été abandonnée, au profit d’une usine désaffectée. « Aujourd’hui, tout le monde croit que c’est un vrai camp. Le lieu était très intéressant avec ce sol désuet, de la rouille. C’était le meilleur emplacement possible. »

Une authenticité, une exactitude que Nicolas de Boiscuillé a élaboré au fil des années, après un diplôme décroché à l’Ecole spéciale d’architecture (ESA). Un cursus qui lui a permis d’acquérir une vision globale du décor sur un film. « L’architecture m’a appris à travailler à différentes échelles. De l’immeuble dans une ville jusqu’au petit détail d’une fenêtre, par exemple. »
Et pour tordre le coup à une idée reçue, Nicolas de Boiscuillé aime rappeler qu’il est plus difficile de trouver des décors pertinents pour un film contemporain que pour un film historique. « Tout le monde pense le contraire, mais pour moi, un film contemporain demande davantage de boulot qu’un film d’époque. Il est difficile de rendre un décor intemporel. Par exemple, pour avoir un appartement réaliste, il faut trouver un équilibre pour qu’il ne soit pas démodé si l’on regarde le film dans dix ans. »

Le bal des actrices | Photo Nicolas de Boiscuillé

Même s’il avoue voir de nombreux films, celui qui a notamment dirigé l’équipe décoration sur Clara et moi (2004), La petite Jérusalem (2005), Les amitiés maléfiques (2006, Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes) ou Insoupçonnable (2010) ne cherche pas à imiter de ce qu’il voit sur le grand écran. Son œil de chef décorateur n’est volontairement pas activé devant un film. Lui, ce qui l’inspire, c’est la réalité, l’actualité. « J’aime beaucoup les photos de reporters. Elles sont souvent très marquées visuellement, par l’accumulation ou par le vide. Cela m’inspire car il y a un point de vue pertinent. »

C’est cette vision et l’atmosphère créées par le réalisateur australien Peter Weir qui a plu à Nicolas de Boiscuillé dans Master and Commander (2003). « Ce fut une véritable claque pour moi. Tout est très juste, très crédible. Quand on regarde attentivement le film, on peut même remarquer que Peter Weir a reproduit, dans le décor et le cadrage, quatre tableaux exposés à Londres et à Paris, qui racontent une bataille navale. »

Une vraie complicité avec le réalisateur

A 39 ans, Nicolas de Boiscuillé est un précoce dans la profession, les chefs décorateurs de cinéma étant souvent plus âgés. Même s’il précise bien que la décoration est un travail d’équipe (« un chef décorateur tout seul, ce n’est rien »), sa fonction a une place à part dans l’univers du cinéma. Le chef décorateur se situe entre un réalisateur qui en demande beaucoup (« c’est normal, c’est son boulot ») et un directeur de production qui regarde de très près l’évolution du budget général du film. « C’est un peu du ping pong » au moment de l’élaboration du budget décoration, sourit Nicolas de Boiscuillé, qui a le statut d’intermittent du spectacle depuis ses débuts en 1996.

Que ce soit lors de la préparation du film puis sur le tournage lui-même, la relation chef décorateur-réalisateur est très étroite. Grâce à des maquettes, des plans en 3D et des dessins, le premier pourra précisément expliquer au second sa vision des décors, des espaces. Une vraie complicité doit exister entre les deux postes. « Il faut s’entendre. Nous devons parler le même langage. Évidemment, c’est lui qui tranche, mais je suis là pour proposer. Et surtout, essayer de donner de la plus-value aux idées de départ du réalisateur. Pour aller plus loin. »

La maquette de la scène du labyrinthe, dans Belleville Story.

Le scénario évoluant avec le temps, le chef décorateur peut poser son regard pour créer une ambiance particulière. Ou rectifier un décor si l’équipe n’a pas trouvé le lieu ou l’objet approprié. Dans Belleville Story, polar à l’ambiance nocturne d’Arnaud Malherbe, cette concertation avec le réalisateur a permis de faire évoluer une scène et ses décors : plutôt qu’une action se déroulant dans une chambre avec lits superposés, c’est dans un sous-sol, au milieu d’un labyrinthe organisé avec des lits, que le personnage se déplace avec une lampe torche.

En 2009, Belleville Story avait reçu le Prix du meilleur téléfilm au Festival de la fiction de La Rochelle. Certes pour Polisse, la marche sera nettement plus haute pour décrocher la Palme d’or à Cannes. Mais à force de passer son temps à rechercher, imaginer et créer des décors, Nicolas de Boiscuillé peut, lui aussi, espérer une décoration.

(1) Polisse, de Maïwenn, sortira en France le 19 octobre 2011.
(2) L’équipe se compose généralement d’un premier assistant, une ensemblière, un régisseur extérieur, un second assistant, un accessoiriste, un stagiaire, un « repéreur » de décors naturels, un constructeur et un peintre

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