Le 56, un jardin nommé désir

Le 56, un jardin nommé désir

Le 56, un jardin nommé désir

Le 56, un jardin nommé désir

30 juin 2011

L’été est bien là ! Pique-nique, apéro, pétanque... Les parcs de la capitale sont envahis par quantité de Parisiens avides de verdure. Au-delà d’un moment de détente, une poignée d’entre eux cherche la satisfaction de cultiver, de planter, d’arroser... Les jardins partagés ont alors investi des coins de parcs publics ou des parcelles inconstructibles. Le 56, rue Saint-Blaise, dans le XXe arrondissement, fait partie de ces jardins qui veulent avant tout rassembler les habitants d’un quartier.
Diaporama Le 56, un jardin nommé désir - Le 56 Saint-Blaise, un jardin partagé l Amélie Roux
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Diaporama Le 56, un jardin nommé désir - Le bâti surélevé libère la circulation l Amélie Roux
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Diaporama Le 56, un jardin nommé désir - Vers le QG l Amélie Roux
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Diaporama Le 56, un jardin nommé désir - La récupération de l'eau de pluie l Amélie Roux
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Diaporama Le 56, un jardin nommé désir - les palette végétalisées l Amélie Roux
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Diaporama Le 56, un jardin nommé désir - Dans la rue St Blaise l Amélie Roux
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Fruit de la collaboration entre la mairie du XXe arrondissement de Paris, l’atelier d’architecture AAA et les habitants, le jardin partagé du 56, rue Saint-Blaise apparaît comme une parcelle atypique, vivante et destinée à faire vivre le quartier. C’est dans cet espace, désormais dénommé « le 56 », que Citazine a été accueilli par six membres de l’association. Des amoureux des jardins qui cultivent l’art du plaisir.

Une démarche participative

Que faire d’un terrain inconstructible d’environ 200 m² niché entre deux bâtiments vieux d’un siècle ? Pour répondre à cette question, la mairie du XXe invite, en 2005, l’Atelier d’Architecture Autogéré (AAA) à explorer les éventuels usages de cette faille. Se présentant comme « une plate-forme collective de recherche et d’action autour des mutations urbaines et des pratiques culturelles, sociales et politiques émergentes de la ville contemporaine », AAA ne s’arrête pas à un simple repérage des lieux. Il s’agit en effet d’une recherche commune pour la réappropriation d’un espace du quartier. « Ils ont installé des tables devant le terrain et ont questionné les gens du quartier sur leurs envies », se souvient Anne-Marie. De cette réflexion commune germe l’idée d’un jardin pour le quartier Saint-Blaise.

Le 56 Saint-Blaise, un jardin partagé l Amélie Roux

AAA accompagne le projet tout au long de son processus : de sa construction à sa livraison, en juin 2007 et même après, jusqu’à ce que les individus du quartier se l’approprient et gèrent son organisation. L’association du jardin n’a été constituée que l’année dernière. Cette démarche participative ne se limite pas à l’implication des habitants. « Le projet a été mis en œuvre par l’APIJ, une entreprise d’insertion pour des personnes en difficulté », précise Anne-Marie. Pour que le projet fonctionne et crée un engouement, l’implication, la participation apparaissent comme des conditions évidentes.

L’organisation du jardin

Le jardin doit, quant à lui, traduire les mêmes intentions. Il se compose de trois éléments majeurs : le bâti, la terre, la logistique.
Installée légèrement en recul des bâtiments voisins, cette construction originale est constituée d’une structure en bois directement ancrée dans le sol. « Il n’y a aucun contact avec les murs voisins », appuie Michel. Elle s’élève sur une hauteur d’environ 5 mètres. Le rez-de-chaussée est composé uniquement de portes en polycarbonate qui, lorsqu’elles sont toutes ouvertes permettent des vues et des circulations vers le jardin depuis la rue. L’idée d’ouverture entre le quartier et le jardin fonctionne. Elle s’opère tous les samedis, jour d’activité maximale du « 56 ». Pour accentuer cette idée de transparence, le premier étage, bureau de l’association, a également été bardé de polycarbonate. Ce matériau translucide laisse non seulement passer la lumière mais laisse deviner ce qui se passe dans le QG des apprentis jardiniers. On y accède par un escalier en bois, situé coté jardin.

Lorsqu’on passe les portes, on apprécie d’abord la mixité visuelle et olfactive qui nous est offerte entre les différentes fleurs, les pieds de tomates et rien que l’odeur de la terre. Des végétaux sont installés sur des palettes de récupérations placées verticalement entre les fenêtres des façades voisines et des végétaux sont directement plantés dans le sol. Cet ensemble dessine le jardin. Ce résultat a déjà été repensé et modifié depuis 2007. « Au tout début, les végétaux verticaux sur les palettes constituaient les éléments collectifs du jardin tandis qu’au sol nous avions organisé trente parcelles individuelles », raconte Michel. « Désormais au sol, nous avons mixé des parcelles collectives et individuelles. D’après les témoignages recueillis auprès d’autres jardins, les parcelles individuelles ne favorisent pas l’échange entre les individus, nous avons donc choisi de mixer l’organisation du jardin afin de favoriser le partage. »

Le jardin l Amélie Roux

Au fond de la parcelle, se dresse un cube végétal. C’est dans cet espace que s’organise la logistique du jardin. Le projet s’inscrivant dans une démarche respectueuse de l’environnement tend vers l’autonomie. Un composteur, des poubelles récupératrices d’eau de pluie utilisée pour l’arrosage, des toilettes sèches. AAA a également installé sur le toit végétalisé du bâtiment, dix panneaux photovoltaïques permettant une réduction des coûts d’électricité.
Les choix architecturaux appuient ces volontés de partage et de respect de la terre, genèse de la problématique du respect de l’environnement. Le bâtiment surélevé respecte ainsi le sol où sera planté les végétaux, la transparence incite les habitants du quartier à découvrir ce jardin, l’emploi de techniques environnementales diminue l’empreinte énergétique du projet. Enfin, l’organisation collective et individuelle des végétaux respectent une logique de partage ou les envies de chacun.

Une volonté

Petit à petit l’association, 56 Saint Blaise s’organise. Elle compte actuellement trente membres. Voir le projet tel qu’il est à présent les ravit. Anne-Marie confie : « ce jardin c’est physique, tactile. On redécouvre le contact avec la terre, on gratouille la terre. C’est l’amour de la verdure et du partage ». Mais leurs objectifs vont bien au-delà. Ils souhaitent s’ouvrir encore plus au quartier. Ils organisent des activités avec les écoles pour inciter les enfants à revenir avec leurs parents. Pour collecter des fonds, 56 Saint Blaise organise des vide-greniers et ses membres sont devenus des pro de la récupération. Ils souhaitent tenir un rôle pédagogique : organisation de projections de films, conférences, vente de paniers de légumes via une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne).

Vers le QG l Amélie Roux

Les jardiniers s’activent pour la mixité ; difficile pour ce quartier, le plus dense de Paris, qui regroupe plus de cinquante ethnies différentes. Ils en font un atout et prévoient d’organiser des soirées dont le thème s’appuiera sur les différentes origines du quartier.
AAA lâche les rênes, les jardiniers prennent les choses en main. Pourtant le pari n’était pas gagné. Anne-Marie nous confie : « Au début personne n’y croyait. Maintenant, on cultive le plaisir ». En effet, la convivialité se respire et la nature reprend ses droits. Alors n’hésitez plus, vous qui garnissez vos fenêtres de jardinières ou de pots de fleurs en tout genre, mettez les mains dans la terre d’un jardin partagé.