Pourquoi les premiers albums sont-ils les meilleurs ?

Pourquoi les premiers albums sont-ils les meilleurs ?

Pourquoi les premiers albums sont-ils les meilleurs ?

Pourquoi les premiers albums sont-ils les meilleurs ?

8 mars 2013

Une question que vous ne vous êtes jamais posé et dont vous n’attendez pas une réponse n’est-ce pas ? C’est donc pour cette raison et parce que cette affirmation est plus qu’attaquable qu'il y a lieu de polémiquer.

Tout d’abord, pour que mon argumentation soit la plus confuse possible, je vais commencer par la démonter. Il y a une foule de contre exemples de troisième ou quatrième album foutrement bien meilleurs que les premiers. Mais c’est vrai qu’on retient plus facilement le nombre d’artistes sur lesquels ont vomi allègrement (Placebo) alors qu’on a adoré leur premier album. Parce qu’on a tous un côté mesquin, fascinés que nous sommes à vouloir descendre les individus de leur piédestal.

Mais, il est vrai, que souvent, les premiers albums possèdent un caractère attachant, spécialement quand l’artiste arrive à atteindre le chef d’oeuvre dès son premier opus (Boire de Miossec, Funeral d’Arcade Fire pour ne citer que ceux qui bondissent dans mon esprit à l’instant où j’écris ces lignes). Mon argumentation se portera sur un trois temps, comme une valse, et puis ça a toujours eu son petit succès les plans en trois parties.
 

Le souffle de la première œuvre

Au-délà de la qualité des textes et des mélodies, (parce qu’on ne va pas vraiment parler de musique dans ce papier, je pense que vous l’avez maintenant compris) il ressort souvent une beauté brute des premiers albums qui demeure toujours assez touchante. Souvent altérée par une production indigente (premiers album des Boo Radleys), l’auditeur attentif arrivera néanmoins à percevoir les qualités intrinsèques de ces premiers morceaux. Roman Candle n’est certainement pas le meilleur album d’Elliott Smith mais finalement un des plus touchants. Tigermilk n’est certainement pas le meilleur album de Belle and Sebastian mais le préféré de leurs fans.
 
 
Ce souffle, cette beauté de la première œuvre se retrouve généralement chez les artisans d’Art Brut. Les meilleurs albums des groupes punk ou lo-fi (The Undertones, The Moldy Peaches) sont toujours les premiers. Un fait est presque inhérent au style puisque le but est de faire tout en urgence.
 
Chose aussi assez intéressante, les premiers albums des carrières solo sont généralement eux aussi les meilleurs. Stephen Malkmus de Pavement n’a jamais réussi à sortir un album aussi frais que son premier opus. Et les premières ecapades de Michniak et Cloup (anciens de Diabologum) sont de vrais claques. L’artiste en profite généralement pour dévier un peu en gardant le même cap, à l’image de Kim Deal (Pixies) et Jónsi (Sigur Ros). Johnny Rotten s’est lui attaché à explorer d’autres pistes avec P.I.L.. D’autres en profitent pour revenir à des choses plus personnels, comme Panda Bear, ancien d’Animal Collective.

L’effet c’était mieux avant

Et les premiers albums sont plus attachants parce que généralement ils ne sont pas produits par un top producteur (Godrich, Albini) et Owen Pallet n’est pas venu jouer du violon dessus, comme sur le second album des Luyas. On s’imagine que tout a été fait dans un garage dans le Loiret ou dans une grange du Kentucky. Les pochettes sont presque photocopiées et il n’y a pas d’habillage. Les gens qui s’occupent de la promo sont gentils et ne te disent pas « hey, on a vu que tu avais aimé le premier album, ça te dit pas de  dire autant de bien du deuxième ? »…
 
D’ailleurs ces premiers œuvres marquent notre vie : qui n’a jamais entendu dire « hey tu te souviens, quand on a acheté ce fauteuil, Kele Okereke, chanteur de Bloc Party, était encore mince et composait des chouettes chansons ! » ou encore « Mais si à cet anniversaire, je t’avais acheté le cd de BRMC ! »
 

Parce qu’on est des gros moutons mesquins et ingrats

Il y a toujours le réflexe premier du fan qui voulait garder sa perle pour lui. Il trouve ça nul que son voisin ait vu la pub pour Peugeot  et sifflote le refrain dans l’ascenseur. (Non mais hein pfff Grizzly Bear, c’est devenu n’importe quoi). Dans ces moments-là, on préfère le premier album parce que c’est le moment où le groupe nous appartient, on ne le partage pas. 
 
 
Le truc aussi, c’est qu’on est hyper conditionné par le buzz de l’industrie musicale et l’effet zapping. Tous ces petits groupes qui se sont foudroyés dès leur deuxième album  car ils ne sont plus dans l’air du temps (pff jouer sur seulement un tome de batterie c’est so 2008) ou simplement mauvais (CSS). La tâche est quand même très compliquée pour ces groupes qui ont tellement surfé sur une vague, de ne pas couler tant on attend d’eux et tant on les a surcôtés. 
 
Que dire de ceux se sont arrêtés à leur premier et unique chef d’oeuvre comme The Avalanches ? Ils n’ont pas joué le jeu. Et j’ai déjà en tête les nombreux contre-exemples de ma démonstration : les musiciens qui font toujours la même chose en gardant la même qualité (Joseph Arthur) et les nombreux autres qui n’explosent qu’après plusieurs tâtonnements (The Notwist, Death Cab for Cutie…). Rien n’est définitif, oui, nous sommes d’accord.
 
> Illustration en tête d’article : The Undertones, premier album de The Undertones, 1975.