Les livres Opus Délits, 4 ans de Street Art

Les livres Opus Délits, 4 ans de Street Art

Les livres Opus Délits, 4 ans de Street Art

Les livres Opus Délits, 4 ans de Street Art

15 octobre 2013

La collection Opus Délits, consacrée aux artistes du Street Art, fête ce week-end ses quatre ans d'existence et la parution de son quarantième ouvrage à l'occasion de l'Opus Délits Show, organisé du 17 au 20 octobre. Un événement dont Citazine est partenaire et qui nous donne l'occasion d'appréhender le rôle du livre, particulièrement celui des monographies d'Opus Délits, dans un mouvement artistique dont l'essence même de l'œuvre est éphémère.

Depuis 4 ans la collection Opus Délits, des éditions Critères, présente les artistes du Street Art. Depuis 4 ans, elle édite des monographies, petit format et petit prix. Ils sont pochoiristes, collagistes, peintres ou encore graffeurs, ne sont issus ni des mêmes générations, ni des mêmes univers. C’est Psychoze, agitateur de bombes depuis les années 80, qui ouvre la danse en 2009. Quatre ans plus tard, le quarantième Opus Délits sort ces jours-ci avec en couverture les gargouilles du pochoiriste Ender.

Opus Délit ? « Opus, petit livre à lecture minutée, avec une approche in vivo des artistes. Et Délits, car tous les artistes présents se sont mis un jour ou l’autre en transgression de la loi », raconte Didier Levallois, directeur de Critères éditions. Il découvre le street art en 1984, non loin de son lieu de travail. « C’est sur les palissades de la rue Ganeron que m’est apparu l’erratique Corps Blanc de Jérôme Mesnager pour la première fois. » Dix ans plus tard, il crée Critères Editions qui a toujours suivi de près le mouvement Street Art avec, notamment, la collection Urbanités. Celui qui se décrit comme un « livreur d’émotions » veut « montrer les facettes de ce mouvement artistique sous forme de livres accessibles, démocratiques, surprenants, ludiques, étonnants. »

Les multiples facettes d’un mouvement dans une collection.

Jef Aerosol, Levalet, Ernest Pignon Ernest, Miss.Tic, Artof Popof, BToy, Rero… En tout ce sont quarante monographies qui donnent à voir la pluralité des expressions du Street Art. « Le Street Art est un mouvement qui se définit par la notion d’individualisme et la multiplicité de ses pratiques. Le concept d’une collection de petites monographies lui est donc parfaitement adapté. La collection Opus Délits balaie ainsi différentes facettes de ce large courant : 40 Opus Délits, 40 univers différents », commente Samantha Longhi, rédactrice en chef de Graffiti Art Magazine et auteur de plusieurs des livres de la collection, Ludo, Mosko et Associés, et le duo Jana & JS et Ludo notamment. Jana & JS [fn]Jana & JS seront exposés du 19 octobre au 9 novembre  la galerie Openspace, 56, rue Alexandre Dumas, 75 011 PAris. [/fn]pour qui, si le concept est intéressant, « il l’est encore plus si on prend l’ensemble de la collection qui aujourd’hui est composée de nombreux acteurs de l’art urbain. »

Au rythme moyen de dix livres par an, la collection Opus Délits est particulièrement prolifique. Considérée dans son ensemble, elle offre un instantané, complété à chaque publication, de ce qu’est le Street Art. Tous les styles et toutes les générations sont représentés. Ainsi le doyen de la collection Jacques Villéglé, 87 ans, côtoie le tout jeune Levalet, qui colle ses œuvres dans la rue depuis seulement deux ans. Leur point commun ? « La jeunesse », répond Didier Levallois.

Des livres pour tous.

Les monographies de la collection Opus Délits enferment 72 pages richement illustrées, les textes sont accessibles, assez courts, mais suffisamment longs pour faire connaissance avec l’artiste et son travail. « Le concept est rigoureux. Pour nous, il est important de ne pas "intimider" le lecteur par un contenu dense, commente Didier Levallois. Désenclaver le livre d’art de son image convenue et lourde, c’est aussi notre but »

Ces livres d’art s’adressent à tous, notamment grâce à leurs petits prix. Ils respectent ainsi l’esprit du Street art qui s’expose à la vue des tous sans besoin de pousser la porte d’une galerie ou d’un musée. « Le street art est accessible au plus grand nombre, souligne Jana & JS. C’est donc logique que cette collection s’adresse au plus grand nombre ».

Pour Samantha Longhi, également fondatrice de la galerie Openspace, ces « 72 pages permettent d’avoir un accès à un contenu concis mais intelligent. J’ai le temps d’évoquer avec l’artiste son parcours mais aussi de rentrer dans l’analyse de son travail. Un Opus Délits représente une bonne introduction à l’univers d’un artiste quand on le découvre et dans le cadre du parcours bibliographique d’un artiste, il représente un très bon premier livre. »

Le livre pour laisser une trace.

Le livre, l’objet qui reste, ambassadeur d’un art qui a pourtant vocation à disparaître. Mais pour la journaliste, « même si nous vivons à l’heure d’Internet, les livres restent. Ils sont notre mémoire vivante et nous rendent immortels. C’est encore plus vrai quand il s’agit d’œuvres s’inscrivant dans l’espace public qui ont une durée de vie limitée. » 

L’œuvre perdure grâce d’abord grâce à la photo, très présente dans les livres de la collection. A telle point qu’elle en devient un élément propre du travail du street artiste. « Les photos sont importantes lorsque l’on intervient dans la rue. Que nos travaux disparaissent ou qu’ils soient réalisés hors de France », poursuit Jana & JS. La photographie immortalise une œuvre, une fresque, surtout si elle est par essence éphémère, le livre poursuit l’acte de mémoire. Pour Jana & JS, il s’agissait du premier livre qui leur était consacré, « il correspondait tout à fait à ce que nous voulions dire et montrer. »  

Didier Levallois parle de « médiation, par le livre, entre des expressions artistiques, des artistes et des lecteurs ». Et le fait que Jef Aerosol ou encore Seize Happywallmaker utilise la couverture de leur monographie chez Opus Délits en photo de profil sur Facebook est sans doute une preuve que ça marche.

Avec l'Opus Délits Show qui se tient ce week-end, les éditions Critères affirment leur volonté éditoriale. « Nous souhaitons continuer, j'espère que nous le pourrons. » 

> L’Opus Délits Show, du 17 au 20 octobre à l'espace Cardin, 75 008 Paris. Exposition, cycle de conférences et projection de courts métrages. Découvrez le programme !