« Musique et cinéma », une exposition à voir et à entendre

« Musique et cinéma », une exposition à voir et à entendre

« Musique et cinéma », une exposition à voir et à entendre

« Musique et cinéma », une exposition à voir et à entendre

Au cinéma le

Et si, cette semaine, vous ne viviez pas d'émotion cinématographique dans une salle obscure mais à la Cité de la musique ?

Les premières notes de "Nigthcall" de Kavinsky retentissent et vous pensez à Ryan Gosling au volant de sa voiture, fendant la nuit avec toute sa classe. La partition de cordes dans Les Dents de la mer suffit à vous dégoûter d'aller faire trempette. Vous ne pouvez pas imaginer la nuée d'hélicoptères attaquer un village vietnamien dans Apocalypse Now sans "La chevauchée des Walkyries" ni Il était une fois dans l'Ouest sans ses "Ouin, ouin, ouiiiiin". Faire la liste de tous les moments où le mariage de la musique et du cinéma est tellement réussi, fort, inspirant qu'une scène ou un film entier s'installe illico dans la mémoire et la culture collective serait une entreprise sans fin.

L'exposition "Musique et cinéma"*, à découvrir jusqu'au 18 août à la Cité de la musique de Paris, présente une sélection de génériques mythiques, de scènes d'anthologie, de classiques alliant à merveille les 4e et 7e arts. Car, si le cinéma a permis à des œuvres classiques ou à des chansons pop d'arriver aux oreilles d'un large public (la musique des Balkans aurait-elle une aussi large popularité en France si les films de Kusturica n'étaient parvenus dans nos salles ?

Underground. Photo DR

Le Barry Lindon de Kubrick n'a-t-il pas contribué à faire connaître la "Sarabande" d'Haendel ?… l'inverse est également vrai. Des bandes originales ont compté dans le succès commercial de films : Moulin rouge de Baz Luhrmann aurait-il, par exemple, fait salle comble sans son melting-pop ?

Legrand, Morricone, Rota et les autres

L'exposition se découpe en trois parties : l'avant, le pendant et l'après tournage. Ainsi les chansons et dialogues "en chanté" des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy ont été enregistrés avant que la moindre image soit tournée. L'intrigue des Chansons d'amour de Christophe Honoré a été construite autour de la tracklist de l'album "Garçon d'honneur" d'Alex Beaupain, sorti dans les bacs deux ans plus tôt.

La musique d'India Song de Marguerite Duras a, quant à elle, été enregistrée en son direct, sur le plateau de tournage, aux dépens des dialogues des acteurs – enregistrés ensuite et placés en voix off. Et dans Sympathy for the Devil de Jean-Luc Godard, c'est le processus même de la création de la chanson qui est capturé en live. Voilà pour "l'avant" et le "pendant", la partie "postproduction" se penche, elle, sur les raisons qui conduisent un réalisateur à choisir un score original plutôt qu'une musique préexistante, ou l'inverse.

Sympathy for the Devil. Photo DR

On peut alors visionner une séquence de 2001, Odyssée de l'espace avec le "Ainsi parlait Zarathoustra" de Strauss figurant dans le montage final ; mais aussi écouter la partition originale qu'avait créé Alex North pour le film. Ce compositeur n'avait découvert que lors de l'avant première que sa musique avait été supprimée par Kubrick…

Ce genre d'anecdotes est aussi ce qui fait le sel de l'exposition. Par le biais d'extraits vidéos, de documents d'archives, on découvre la genèse du duo au piano Zorg/Betty dans 37°2, le matin de Jean-Jacques Beineix. On (ré)écoute une séquence de The Artist d'une autre oreille. On s'immisce dans les coulisses de la scène du banjo de Délivrance. On peut même s'amuser à jouer des effets de mixage sur un extrait de Gainsbourg, vie héroïque, en accentuant le bruit de la pluie ou le refrain de "La Javanaise". Ennio Morricone, Michel Legrand, Alexandre Desplat, Angelo Badalamenti… les plus grands compositeurs de musiques originales sont aussi au rendez-vous, des vidéos ou des panneaux explicatifs renseignent sur leurs méthodes de travail. 

L'exposition se conclut en beauté dans une salle obscure qui, sur trois grands écrans, invite le visiteur à plonger dans sa mémoire cinéphile. De La Leçon de Piano à Suspiria en passant par Huit et demi ou Ran, de Gilda à Excalibur ou In the mood for love… une quarantaine d'extraits donnent à voir et à entendre un large éventail des alliances possibles entre musique et cinéma. On pourrait y rester des heures, avant d'aller swinguer avec notre dévédéthèque !
 

>  L'exposition se tient jusqu'au 18 août 2013, à la Cité de la musique, 221 avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Du mardi au jeudi de 12h à 18h, le dimanche de 10h à 18h. Nocturnes les vendredis et samedis jusqu'à 22h. Fermé le 1er mai. www.citedelamusique.fr

 

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