Le lover, ce mal-aimé du cinéma

Le lover, ce mal-aimé du cinéma

Le lover, ce mal-aimé du cinéma

Le lover, ce mal-aimé du cinéma

Au cinéma le

Amateurs déclarés de comédies romantiques ou consommateurs d'un jour éhontés, il faut l'avouer : on a tous un jour été émus par un film de lover. Le genre est souvent raillé, ou regardé sans trop oser l'avouer. Pourtant, combien se prennent à rêver d'avoir la drague aussi facile que ces beaux gosses qui font tomber les filles sur grand écran en 1h30, armés de leur seul sourire en coin et de deux phrases maladroites ?

Love actually | 2003 | Richard Curtis

C'est un petit plaisir parfois coupable que l'on s'offre sous couvert de "se vider la tête". Le film romantique n'a pas l'envergure et encore moins la couverture médiatique d'un drame de Scorsese ou d'un thriller des frères Coen. Certains s'y intéressent pourtant très sérieusement. Il existe un havre de paix pour les films romantiques, qui les recense, les classe, les critique. Le site Films de lover, qui fête le mois prochain ses 5 ans* dans un cinéma parisien, a même été créé par un homme. "J'ai toujours aimé les films romantiques, sans forcément l'avouer au début", confie Frédéric, fondateur du site. "A chaque sortie, ces films sont démontés dans les critiques médias, qui ressortent toujours les mêmes mots pour les qualifier de guimauve", regrette-t-il.

Pour redonner ses lettres de noblesses à "ce genre sous-estimé", parfois snobé, Frédéric crée un blog en 2008. "Au départ, c'était un blog plutôt humoristique et décalé, genre 'on est des mecs et on aime les films romantiques". L'année suivante, le blog se transforme en site. Outre les 500 films critiqués dès leur sortie cinéma ou DVD, le site compare les films et les romans dont ils sont adaptés, visite les cafés ou villes de scènes de cinéma cultes, et dresse la liste des meilleures bandes originales de films romantiques.

50 nuances de lovers

Si "tous les lovers sont différent, sans profil type" selon Frédéric, le genre possède tout de même, comme les autres, ses clichés. "Le lover type, c'est un Hugh Grant, pas trop sûr de lui, gaffeur et charmeur", comme dans l'inoxydable Quatre mariages et un enterrement. Il y a aussi "le ténébreux, à la manière d'un M. Darcy dans Orgueil et Préjugés". Sans oublier "le lover absolu, celui qui remporte tous les suffrages dès que nous organisons sur le site un vote sur les films les plus romantiques : Ryan Gosling, dans N'oublie jamais".

N'oublie jamais | 2004 | Nick Cassavetes

Pas de macho en vue : les films de lovers ne l'aiment pas trop. Ou alors, il est dans un coin et joue le rôle du méchant. Dans ce genre très codifié, les histoires d'amour se passent entre une fille et un garçon, un détail va venir s'immiscer et briser leur relation avant que tout ne s'arrange (s'il s'agit d'une comédie), et la fille exerce souvent une profession libérale. "Elle est souvent journaliste. Dernièrement, il y a eu pas mal de traiteurs ou chefs cuisinières", observe Frédéric. 

La comédie ou le film romantique "s'inspirent des moeurs de l'époque à laquelle il est tourné. Dans les films des années 1950 vous ne voyez jamais les héros s'embrasser". Notre petit préféré du genre, chez Citazine ? La 2e version d'Elle et lui, avec Cary Grant et Deborah Kerr (par ailleurs cité comme référence par Meg Ryan dans un autre film de lover, Nuits blanches à Seattle). "Depuis les années 2000 et des comédies comme American Pie, le genre romantique est beaucoup plus libéré", note Frédéric.

 

Les potes envahissent les films romantiques

 
En 2014, "la tendance est à la bromance, sous l'impulsion de réalisateurs, producteurs et scénaristes comme Judd Apatow". La romance est alors un ingrédient secondaire, relégué derrière la relation entre potes ou copines, comme dans Mes meilleures amies (Bridesmaids)

En France, après le succès de 20 ans d'écart en 2013, le film romantique de ce début d'année sera Prêt à tout, sorti aujourd'hui dans salles, juste avant la Saint-Valentin. "C'est le seul film romantique français à sortir à cette période", remarque Frédéric. "En France, on n'a pas cette culture du film à thème qui sort à  Noël ou à la Saint-Valentin comme à Hollywood, où ces films sont annoncés plus d'un an avant. La seule inconnue, ce sont les films indépendants". Cette année, ce sera About last nigtht. Pour la Saint-Valentin 2015, les studios américains annoncent déjà la version ciné du best-seller 50 shades of Grey

Si ces films romantiques sont annoncés à l'avance aux États-Unis, ils restent relativement maltraités par rapport à d'autres genres, selon Frédéric. "Ces films ne sont pas la priorité des studios, qui préféreront toujours sortir une grosse production comme Avengers d'abord". Cette éternelle relégation au 2e rang, ainsi que le piratage largement démocratisé "font que le genre marche moins bien en France depuis quelques années". A cela s'ajoute le prix élevé des places de cinéma. Pour le fondateur de Films de lover, "quand on paye 10 euros un ticket de cinéma, et qu'on a le choix entre voir un film qui dépote, ou un film romantique sans effets spéciaux que l'on pourrait regarder chez soi, le choix est vite fait".

Lovers dans l'âme

Les loveuses et les lovers se déplacent peut-être moins dans les salles obscures pour voir des films parlant d'amour que pour ceux montrant de l'action. Mais jeunes et moins jeunes ne sont pas pour autant moins romantiques qu'avant, selon Frédéric. La preuve ? "Regardez les vidéos qui cartonnent sur YouTube ou sur les réseaux sociaux : ce sont les flashmobs où un type, au milieu de Central Park ou en conviant toute sa famille, fait sa demande en mariage". Pour réaliser leur vidéo, certains d'entre-eux prennent même exemple sur… des films de lover.

*Soirée anniversaire de Films de lovers à Paris le 13 février 2014 à 20h. Projection d'Orgueil et préjugés au cinéma Le Brady, 39 boulevard de Strasbourg (10e). 

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