« Home », ados sous tension

« Home », ados sous tension

« Home », ados sous tension

« Home », ados sous tension

Au cinéma le

Adolescent impulsif, Kevin s'installe chez sa tante à sa sortie de prison. Alors qu'il semble trouver un nouvel équilibre dans le foyer qui l'accueille, le quotidien de Kevin et de ses amis va être bouleversé par un événement inattendu. Basé sur des faits réels, Home confronte des ados perdus à des adultes défaillants dans un drame chaotique, à fleur de peau.

À 17 ans, Kevin (Sebastian Van Dun) vient déjà d’effectuer un passage en prison pour agression. À sa sortie, il est accueilli, sur demande de sa mère, par sa tante Sonja (Karlijn Sileghem) et débute une formation d’apprenti plombier. Les deux femmes espèrent ainsi casser la spirale de la violence ayant entraîné Kevin derrière les barreaux. Dans son nouveau foyer, le jeune homme crée des liens avec son cousin Sammy (Loïc Batog) et ses amis. Alors qu’il semble s’éloigner progressivement de la délinquance, un événement tragique va venir chambouler l’avenir du groupe d’adolescents.

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Purs adolescents

La réalisatrice belge Fien Troch ne s’en cache pas — elle aurait de toute façon bien du mal à le nier —, son nouveau film, plongée immersive dans l’univers adolescent, a été notamment inspiré par Kids (1995) de Larry Clark. Basé sur des faits réels, Home capte avec brio l’urgence du chaos adolescent, personnifié par Kevin qui doit batailler avec son tempérament instable et bagarreur. Pour rendre au mieux le tourbillon émotionnel de cette période compliquée qu’est l’adolescence, la cinéaste opte pour un cadre resserré au plus proche des acteurs dont les adolescents sont tous amateurs. Ce choix de ne pas faire appel à des professionnels et de bannir le maquillage sur le tournage offre un aspect brut au film qui vient renforcer la tension et l’urgence des scènes. Pour plus de réalisme, certaines séquences ont même été tournées directement par des téléphones portables que chaque adolescent s’était vu confié. Le résultat fonctionne parfaitement, les images brutes se mêlant efficacement aux plans plus travaillés avec un résultat étonnamment homogène. Dans le même esprit de réalisme brut, la nudité est présente lors de scènes de sexe explicites filmée sans pudeur mais sans non plus s’afficher de façon voyeuriste. Ce parti pris « naturel », parfois aux limites du documentaire, associé à la fraîcheur des jeunes comédiens prodigue au film un état de tension permanente où tout semble pouvoir exploser à chaque instant.

Cette sensation de danger constant est renforcée par Kevin, ado attachant enfermé dans une violence qu’il n’arrive pas à contrôler ; il suffit qu’une personne le pousse dans ses retranchements pour qu’il explose avec une fureur incontrôlable. Comme pour un thriller, les clés des différents personnages sont livrées au fur et à mesure pour faire monter progressivement la tension en dévoilant peu à peu l’ampleur des problèmes rencontrés par ces adolescents. C’est notamment le cas pour John (Mistral Guidotti), en prise avec une mère très possessive dont le spectateur découvre petit à petit à quel point leur relation est malsaine. La force de Home réside dans l’affrontement entre ces deux générations, avec des aînés qui ne sont pas forcément à la hauteur des enjeux.

Home

Laisse pas traîner ton fils

Le drame de Fien Troch surprend car le film dépasse le cadre habituel du récit sur des adolescents à la dérive qui s’opposent — guidés par leurs hormones — à ce que leurs parents peuvent leur conseiller. La vision de la cinéaste est plus subtile mais également bien plus terrifiante car elle n’hésite pas à pointer du doigt les défaillances des adultes à gérer les dérives de ces adolescents, quand ils ne sont pas directement la source de leurs problèmes. Omniprésente sous forme d’une tension qui parcourt l’ensemble du film, la violence est ici celle d’une adolescence désabusée mais également celle subie par ces jeunes, comme les deux faces indissociables d’une même pièce. Même Sonja qui accueille son neveu en pensant faire une bonne action voit finalement la situation lui échapper et incarne l’ambiguïté de ces rapports conflictuels et l’impossible communication entre les deux générations.

Adultes dépassés voire abusifs face à des adolescents en perdition, Home décrit avec un réalisme saisissant ce qui oppose les deux générations comme un gouffre difficilement franchissable. Un drame sur le fil du rasoir qui séduit par son audace et une vitalité d’interprétation en phase avec son propos.

> Home, réalisé par Fien Troch, Belgique, 2016 (1h44)

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