Eté 2013, Paris, pas un rond

Eté 2013, Paris, pas un rond

Eté 2013, Paris, pas un rond

Eté 2013, Paris, pas un rond

5 juillet 2013

Paris, Paris, Paris…goguenarde au zénith, érudite au crépuscule ou salace by night, la scintillante se révèle rarement aux traines savates sans le kopeck. A huit-mille-trois-cent-onze euros le mètre carré, la capitale annonce la couleur. Ici, le demi à 6 euros en terrasse n'a rien d'une exception qui confirme la règle. Alors parfois, même ceux qui y habitent n'ont pas la chance d'aller tremper leurs ongles incarnés dans la grande bleue ou de gambader avec les chamois dans le parc de la Vanoise. Du coup Paris l'été. Du coup Paris polluée. Mais bon, du coup Paris désert. "Et Paris pas cher voire gratos ?" me direz-vous. C'est possible, la preuve.

Imaginons un peu : Jean-Michel, 25 ans, vient d’être lâché dans le centre de Paris avec dans sa poche, 3 euros.Aujourd’hui il doit se marrer, se cultiver, boire et manger pour rien ou presque.

Case départ, les Halles. C’est d’un pas décidé que Jean-Michel se dirige vers Beaubourg, parce qu’on n’est pas mardi (jour de fermeture) et qu’il aime bien les livres, la musique et la télé, il se dirigera immédiatement vers la bibliothèque (BPI ) et pourra dans l’ordre qu’il voudra :

– regarder la télé entre 2 sdf venus tuer le temps et cuver leur 8.6 millesimée devant la fin des enquêtes impossibles de Pierre Bellemare. Après tout c’est pas parce qu’on est à Paris qu’il faut perdre ses bonne habitudes.

– se délecter du premier chapitre des droites en France (une référence) de René Rémond

– se (re)faire la discographie intégrale des Pistols. Soit 38 minutes et 45 secondes.

Ragaillardi par cette escapade à la bibli, Jean-Mi se dirige alors immédiatement vers le Centre Culturel Suisse et ce dans le but non dissimulé de prendre son pied devant un exposition iconoclaste (jusqu’au 14 juillet, le CCS ne rouvre qu’en septembre). Sinon et pourquoi pas un bon plan B grâce à la Maison Européenne de la Photographie, à condition d’y aller un mercredi après 17h. La MEP ouvre alors ses portes aux désargentés ou aux p'tits malins qui aiment Robert Frank, Giacomelli, Koudelka, Sherman, Arbus et autres génies de la photo.

Sans vraiment savoir pourquoi Jeannot enfile alors ses écouteurs et balance un bon vieux Jackie Quartz des familles avant de se diriger vers la rue Amelot, au 78, et de pénétrer au sein de la galerie Magda Danysz qui expose actuellement les photos prises par Stéphane Bisseuil et Jérôme Coton dans les bains (résidence d’artistes) décorés de manière éphémère par les plus grands street artistes du moment.

Parce que la culture c’est bien beau mais que ça nourrit pas son homme et qu’il faut bien faire usage de ces 3 euros qui végètent au fond de sa poche, il décide d’aller boire une petite mousse, au Tribal Café entre autres, où le couscous est offert tous les jeudi et samedi. Couscous-bière ingurgité, le défi consiste alors à se dégoter 1 ou 2 gus pour se faire offrir les pintes facultatives. Vous imaginez bien que vu le prix du verre (2,70€ la chope de stella) l’état d’ébriété des piliers de bar est très supérieur à ce que recommande l’OMS.

C’est donc repu et en goguette que Jean-Michel se dirigera vers son ultime escale, le cinéma en plein air de la Villette. Les anciens abattoirs consacrent le 7ème art à chaque tombée de la nuit. La programmation extrêmement variée et toujours d’un goût plutôt assuré devrait ravir les plus ou moins cinéphiles.

Si vous êtes plutôt un Jean-michel mélomane vous opterez alors pour les soirs d’été qui offrent des concerts gratuits place de la république (du 8 au 13 juillet), pour le Fnaclive sur le parvis de l’hôtel de ville (du 18 au 21 juillet) ou pour la plage du Glazart, histoire de mettre un peu les pieds dans le sable.

Enfin pour les Jean-Michel sportifs qui enjoy the silence, la rando roller les comblera, tous les vendredi à partir de 22h, place Raoul Dautry.

Au final, Il vous reste 30 centimes et ça tombe plutôt pas mal puisqu’à Paris, on trouve toujours un épicier ouvert tard et que celui-ci vend des carambars au citron. C’est sans un sou mais des étoiles plein les yeux et des arômes artificiels plein la bouche que Jean-Michel rentre chez lui, comblé, absolument !