« The Door », un portail horrifique qui sonne creux

« The Door », un portail horrifique qui sonne creux

« The Door », un portail horrifique qui sonne creux

« The Door », un portail horrifique qui sonne creux

Au cinéma le

Après un tragique accident qui a coûté la vie à son fils, Maria se rend dans un ancien temple indien pour tenter de le revoir une dernière fois, sans se douter qu'elle va bouleverser l'équilibre entre le monde des vivants et celui des morts. Malgré une bonne idée de départ, The Door abuse malheureusement de tous les ressorts clichés du cinéma d'horreur et l'effroi laisse vite place à l'ennui.

Installés en Inde depuis quelques années, Maria (Sarah Wayne Callies) et son mari Michael (Jeremy Sisto) vivent paisiblement avec leurs deux enfants Lucy (Sofia Rosinsky) et Oliver (Logan Creran) quand un drame vient frapper la famille. Lors d’un tragique accident de voiture, Maria parvient à sauver sa fille mais pas son jeune fils, qui meurt noyé. Inconsolable, elle apprend par une infirmière qu’un rituel antique peut lui permettre de rentrer en contact avec son fils décédé pour un dernier adieu. Maria se rend alors dans un temple ancien où se trouve une porte qui sépare le monde des vivants de celui des disparus. Encouragée par la voix de son fils qui souhaite la revoir, Maria désobéit à la règle sacrée de ne jamais ouvrir la porte. Son geste bouleverse le frêle équilibre entre les deux univers et Oliver semble être de retour dans la petite famille, accompagné d’entités maléfiques qui auraient dû rester de l’autre côté de la porte.

The Door

L’horreur de la culpabilité

Produit par Alexandre Aja — réalisateur notamment de Haute tension (2003) et du remake La colline a des yeux (2006) —, The Door a fait appel à Sarah Wayne Callies, qui incarnait Lori dans la série The Walking Dead, qui joue, avec conviction, cette mère de famille dévastée par la mort de son fils. La scène de l’accident au début du film est particulièrement marquante et, de loin, la plus traumatisante car malheureusement très réaliste. Contrairement à l’invasion de forces maléfiques provenant d’un portail magique, l’accident de voiture qui coûte la vie au jeune garçon et traumatise Maria est tristement banal et l’identification avec la mère éplorée fonctionne parfaitement. L’empathie pour Maria est d’autant plus grande qu’elle est confrontée à un choix impossible lors de l’accident : sauver la vie de son fils ou celle de sa fille. Rongée par la culpabilité, Maria est évidemment fascinée lorsqu’elle apprend qu’une mystérieuse porte lui permettrait de rentrer en contact une dernière fois avec son fils disparu.

Sur la base de cet accident tragique et du deuil impossible, The Door avait matière à proposer un film différent, en exploitant la psychologie de cette mère prête à tout pour communier une dernière fois avec son fils. Malheureusement, cet aspect est rapidement évacué et le drame ne semble qu’un prétexte pour entraîner Maria devant la porte et — évidemment — qu’elle l’ouvre malgré l’avertissement formel qu’on lui a donné. Quand on voit les circonstances de ce coup de tête maternel, on regrette que l’infirmière qui lui a donné le tuyau ne l’ai pas au moins accompagnée pour la dissuader de faire une telle bêtise : certes le film aurait alors été beaucoup plus court, mais ce n’aurait pas été une grande perte. Toute la première partie du film qui amène la mère devant la fameuse porte est en effet plutôt réussie, mais la suite l’est beaucoup moins. Maria ouvre donc la porte, et là… c’est le drame ! Pour elle et sa famille mais aussi pour le spectateur qui voit s’enchaîner des clichés vus maintes fois dans les films d’épouvante.

The Door

Cauchemars et monstres rituels

Pour clouer le spectateur à son fauteuil, The Door use — et abuse — des ressorts habituels du genre et s’éloigne malheureusement peu à peu du fond, pour ne jouer que sur une forme horrifique qui surprend plus qu’elle ne terrifie. On retrouve tout d’abord ces incontournables scènes étranges qui font monter la pression… jusqu’au moment où le personnage terrifié se réveille, ouf ! Le film surfe ainsi plus que de raison sur l’effet « bouh ! » : il suffit de placer dans le plan, juste derrière le personnage, un « truc » assez angoissant, ou de le faire apparaître au dernier moment pour faire sursauter à coup sûr le spectateur. Un effet très efficace, surtout si le mouvement de caméra est accompagné du son approprié pour appuyer l’effet de surprise. La confrontation de la petite famille avec le monde des morts et ses terrifiants fantômes — s’il s’agit bien de ça, on peine parfois à identifier ce qui est sorti de cette porte — repose sur ces effets éculés au détriment du fond.

The Door nous prive ainsi de tout cheminement psychologique chez cette mère qui doit pourtant être chamboulée de se retrouver ainsi en présence de son fils décédé, et la question de la culpabilité ne refait jamais surface. On assiste au calvaire d’une gentille famille américaine aux prises avec des esprits indiens pas très sympathiques et des chamans bariolés de peintures rituelles qui cherchent à rétablir l’ordre des choses. Quoi de plus flippant en effet pour des occidentaux que des autochtones, étrangement déguisés, qui invoquent le monde des morts lors de messes occultes ? Des blancs qui ont une peur bleue à cause d’indigènes, forcément archaïques donc inquiétants, voilà qui donne une impression tenace de déjà vu. Les Indiens apprécieront certainement.

Rien de nouveau dans ce film d’horreur qui avait pourtant de sérieux atouts pour proposer autre chose qu’un simple combat avec des esprits provenant de l’au-delà. The Door laisse entrevoir la promesse d’un film prenant mais la porte se referme rapidement au nez du spectateur, le laissant avec la formule habituelle des films d’épouvante. Toc, toc, toc ! Qui est là ? Pas l’originalité, malheureusement.


The Door (The Other Side of the Door), réalisé par Johannes Roberts, Grande-Bretagne – Inde – États-Unis, 2016 (1h36)

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