« Discount », une comédie sociale où la solidarité naît de la galère

« Discount », une comédie sociale où la solidarité naît de la galère

« Discount », une comédie sociale où la solidarité naît de la galère

« Discount », une comédie sociale où la solidarité naît de la galère

Au cinéma le

Comment les salariés d'un hard discount deviennent-ils hors la loi tout en fondant une épicerie solidaire ? C'est une belle histoire humaine sur fond des cruelles retombées de la crise que raconte avec justesse Louis-Julien Petit dans la comédie sociale Discount.

© Michael Crotto

Ils galèrent à boucler leurs fins de mois et la situation semble se dégrader chaque jour un peu plus. Emma, Gilles, Christiane, Momo et Alfred sont employés dans un hard discount du Nord-Pas-de-Calais et peinent parfois à remplir leur réfrigérateur, alors qu’ils sont obligés, sur leur lieu de travail, de jeter et détruire des aliments abîmés qui pourraient encore être consommés. Lorsque leur supérieure (interprétée par Zabou Breitman) leur apprend qu’ils sont mis en compétition car plusieurs d’entre eux vont être remplacés par des caisses automatiques, c’en est trop : les cinq collègues décident de monter leur épicerie solidaire, en récupérant dans leur supermarché les produits voués à la poubelle.

© Wild Bunch Distribution

Les parcours des cinq salariés honnêtes, devenus des voleurs malgrés eux et à cause d’un système contre lequel il peinent à se battre, semblent tout droit sortis d’un fait divers. Et c’est un peu le cas : le réalisateur Louis-Julien Petit, qui signe avec Discount son premier long métrage, a eu le déclic en découvrant l’histoire d’Anne-Marie Costa. En 2011, cette caissière dans un supermarché a été licenciée. Son crime ? Avoir récupéré un ticket de caisse promotionnel laissé par un client. La réaction de la direction du supermarché avait engendré une grande vague de soutien pour l’ancienne caissière : certains lui témoignaient des signes d’affections quand d’autres lui envoyaient carrément de l’argent, des tickets restaurant… « Je voulais faire un film sur les conséquences positives que peut engendrer la crise financière chez les gens. L’entraide et la solidarité qui naissent de ces situation, c’est à mon avis la solution à la crise et à tout ce qui pousse à l’individualisme », estime Louis-Julien Petit.

« Ils se battent pour garder ce qu’ils ont »

Comme cette caissière, les personnages de Discount « ne veulent pas des yatchs » ou des vies de millionnaires. « Ils se battent juste pour garder ce qu’ils ont », explique le réalisateur. Dans cette quête de héros ordinaires pour continuer à vivre normalement, on reconnait le combat social dépeint dans le cinéma britannique par Ken Loach ou Peter Cattaneo dans son Full Monty. L’autre point commun de Discount avec ces films est l’humour et la bonne humeur qui ressortent de ces situations pourtant très difficiles. « Je voulais montrer des personnages qui réagissent et rient face à la crise, et s’unissent pour dire non. Ce sont aussi des personnes auxquelles nous pouvons nous identifier car un jour ou l’autre, nous serons tous discount : trop vieux, trop gros, nous arriverons tous à notre date de péremption ».

© Wild Bunch Distribution

En voyageant en France pour la promotion du film, l’équipe a rencontré des caissières, mais aussi des responsables de hard discount. « L’un d’eux m’a dit, ‘vous êtes bien au-dessous de la réalité », se souvient Louis-Julien Petit. Ou encore « je chronomètre les salariés mais je n’ai pas le choix. Quand vous avez la responsabilité du magasin, ce n’est pas rien ». Impossible de porter un regard manichéen sur les personnages du film, ou d’apporter une seule solution en quelques minutes. « C’est comme pour la nourriture jetée, des gérants de supermarchés voudraient donner plus mais ils n’en ont pas forcément les moyens logistiques, et ils sont responsables de la qualité des aliments donnés », raconte Louis-Julien Petit.

Car au-delà de la crise et des difficultés financières qu’elle peut engendrer sur des travailleurs devenus pauvres, Discount adresse aussi le sujet du gaspillage alimentaire. Chaque année, un quart de la nourriture produite dans le monde est jetée, sans même avoir été consommée. Supermarchés, clients, producteurs… Si tous les acteurs de la chaîne en portent la responsabilité, Louis-Julien Petit ne veut pas pour autant « porter de jugement. Je suis réalisateur, pas politicien. Je veux juste poser la question : pourquoi le système pousse-t-il des gens honnêtes à transgresser ? »

> Discount de Louis-Julien Petit, au cinéma le 21 janvier. Gagnez des places pour voir le film en jouant ici.

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