Ça ronronne au Café des chats

Ça ronronne au Café des chats

Ça ronronne au Café des chats

Ça ronronne au Café des chats

9 décembre 2013

Nous avons testé "le Café des chats", un drôle d'endroit, ouvert en septembre dernier dans le IIIème arrondissement de Paris. Dans ce salon de thé-restaurant, ça miaule et ça ronronne. Douze chats habitent ici.

Il n’est pas midi quand nous poussons la porte du "Café des chats" au numéro 16 de la rue Michel Comte, dans le 3ème arrondissement de Paris. Citazine vous en parlait déjà alors que Margaux Gandelon, jeune créatrice de l’entreprise ronronnante, cherchait des financements via un site de crowdfunding. Le projet a pu voir le jour et le Café des chats a ouvert en septembre dernier. Originalité du lieu : un café où une bonne dizaine de chats vivent à temps plein et évoluent au beau milieu des clients, ou carrément sur les tables. Ici, les chats sont rois.

Deux mois après l’ouverture, nous pensions arriver dans le calme. Pas de chance, Canal+ est déjà là. Ce qui nous laisse le temps de feuilleter le magazine Chats d’amour, laissé à disposition dans le sas d’entrée. Un sas où les chats n’ont pas le droit de pénétrer en journée, pour les protéger des dangers de la rue.

A midi, le Café des chats est toujours fermé. Malgré le froid, une fil d’attente commence à se masser derrière la porte. Des femmes pour la plupart qui poussent de drôles de petits cris, sortes de roucoulements aigus, à la vue d’un premier chat qu’on aperçoit de l’extérieur.

Des chats adoptés dans des refuges

Les portes enfin ouvertes, chaque client doit se passer les mains au gel hydro-alcoolique. Les consignes de savoir-vivre en milieu félin leur sont ensuite données : on ne dérange pas un chat qui mange, on ne dérange pas un chat qui dort, on attend que le chat vienne vers soi, on ne lui saute pas dessus avec hystérie, on prend des photos sans flash. « Toute la journée, ça les énerve et pour les clients, ce n’est pas génial non plus », explique Margaux Gandelon, maîtresse des lieux. Passé le sas d'entrée, on pénètre dans la salle du rez-de-chaussée. Une légère odeur de chat pénètre les narines, mais rien de gênant. 

Tous les chats qui sont ici ont été récupérés dans des associations de sauvetage. Telle que cette famille monoparentale : Sarah, la mère, Berlioz et Lovely, frère et sœur. Pattenrond a, lui, failli être euthanasié à un mois et demi. Quant à Habby, une chatte naine, ronde et courtaude, personne ne voulait d’elle. Les chats sont paisibles. Certaines clientes tentent quant à elle de contrôler leur exaltation, sur fond de gouzi-gouzi.

Les douze chats qui vivent ici ont été adoptés selon deux critères : leur sociabilité envers leurs congénères et leur sociabilité envers les humains. Mais jusqu’à un certain point : vous ne pouvez pas vous pointer avec votre chat d’appartement dans le cabas, les chats sont habitués à leur colocataires uniquement. Quant à votre enfant turbulent, il devra montrer patte blanche et ne pas tirer la queue. La règle est explicite sur le site Internet : « Les enfants de moins de 9 ans doivent être sous haute surveillance et ne peuvent pas toucher les chats seuls. »

Le bar à chat, une idée japonaise

Ce sont les Neko café japonais, neko signifie chat en japonais, qui ont soufflé sa merveilleuse idée à Margaux. Il y en a près de 500 au Japon. « Par contre, j’ai voulu créer une nouvelle ambiance. On ne vient pas ici pour caresser des chats. On vient pour boire un thé, se restaurer, prendre le temps, avec des chats. » C’est d’ailleurs ce que confirme, Anne[fn]Le prénom a été changé.[/fn], une jeune cliente de 31 ans. En voyage au Japon, elle est déjà allée dans l’un de ses Neko Café. « Ils nous donnent des croquettes et on se promène dans cet endroit avec une vingtaine de chats. Ici, c’est beaucoup plus naturel, on mange, on est ensemble, c’est beaucoup plus convivial. » Elle et son amie ont essayé de passer à l’improviste la semaine dernière, aucune table disponible. Cette fois-ci, elles ont réservé. Elles ont pris place dans une alcôve dans la cave de l’établissement. A leur table, Marguerite, trois mois. 

Impossible de ne pas sentir l’encens qui y brûle lors de notre arrivée. Est-ce pour couvrir les odeurs d’excréments animaliers ? « La litière se trouve derrière cette porte. Chaque fois qu'on les nettoie, on ouvre la porte. En début de journée, on brûle un encens. Et c’est bon pour le reste de la journée. » La salle à litière est donc totalement séparée du café, accessible en journée par une chatière et nettoyée chaque jour. Autre règle stricte : les chats n’ont pas droit de cité dans la cuisine.

Depuis l’ouverture, le café de chats ne désemplit pas. « En semaine, hors vacances scolaires, vous pouvez éventuellement espérer rentrer, mais sinon c'est impossible ». Si la population est essentiellement féminine, le mélange des genres et des générations est étonnant. Leur unique point commun : l’amour des chats. Margaux estime sa clientèle à près de 30% de touristes, sinon il s’agit de femmes essentiellement entre 25 et 40 ans.

Une séance de "ronron thérapie"

Florie est ici avec sa mère Marica qui arrive d’Aix-en-Provence. Elles ont réservés depuis des semaines. La mère est emballée par le concept : « C’est cosy, des chats dans les coins, je me sens bien. Les chats viennent tous de refuge, je soutiens à fond. » Florie, quant à elle, attend qu’un chat daigne se poser sur ses genoux. Elle veut jouir enfin de cette fameuse "ronron thérapie". La ronron thérapie ? Selon un vétérinaire toulousain, Jean-Yves Gauchet, le chat a le pouvoir, par la seule force de ses ronronnements, d’apaiser les tensions, soigner les insomnies et l’excès de stress. On y vient donc pour se sentir bien. Aussi parce que c’est branché.

Alors que nous déambulions dans la cave du café des chats, deux jeunes filles faisaient des repérages pour un défilé de Vente-Privee.com. A côté d’elle Geneviève, 88 ans, et Jeannine, 82. Elles ont des chats depuis qu’elles sont gamines. « On a vu la publicité dans une brochure de loisirs pour retraités. C’est l’occasion de sortir. » Les dames sirotent un thé, bercées par le ronron des chats alentours.

Le "Café des chats" est le premier ouvert en France. En Europe, depuis deux ans, ils arrivent en force. Deux à Berlin, deux à Budapest, un à Madrid. Pour ouvrir cet espace Margaux a obtenu un certificat de capacité animalière, option chat et a suivi une formation hygiène en restauration.

On peut dire que cette jeune gérante a eu du nez. Ça marche tellement bien qu’elle est en train de bosser sur l’ouverture d’un deuxième café, à Saint-Germain-des-Prés. Très sollicitée, elle travaille aussi à créer une franchise "Café des Chats" mais insiste : l’important c’est le bien-être et le respect des chats.