Au Solar Decathlon, les maisons de demain se tournent vers le soleil

Au Solar Decathlon, les maisons de demain se tournent vers le soleil

Au Solar Decathlon, les maisons de demain se tournent vers le soleil

Au Solar Decathlon, les maisons de demain se tournent vers le soleil

9 juillet 2014

Suite de notre série d'été sur la ville du futur. Cette semaine, zoom sur le Solar Decathlon à l'occasion de la venue en France, pour la première fois cette année, de ce concours d'étudiants visant à bâtir la maison de demain. Elle devra fonctionner avec l'énergie du soleil. Si ce type de projet émerge dans le monde entier, le pays d'origine des étudiants permet d'observer des spécificités locales, pour répondre à des problématiques liées notamment à la densité de population et aux risques de catastrophes naturelles.

Ils ont bâti leurs maisons solaires dans la ville du roi Soleil. Jusqu’au 14 juillet à Versailles, des étudiants en architecture venus du monde entier participent au Solar Decathlon. Dans un espace éphémère rebaptisé Cité solaire, 20 équipes ont construit, grandeur nature, la maison de demain, utilisant le soleil comme seule source d’énergie. 

Ce concours intra-universitaire, lancé en 2002 par le Département d’État américain à l’Énergie avec le soutien d’Al Gore, se déroule chaque année dans un pays différent. Les équipes ont planché durant 18 mois sur leurs projets, de son financement à la manière de créer un habitat passif (à consommation énergétique très basse ou compensée par les apports solaires). Elles ont ensuite cherché des partenaires industriels pour mener à bien ces projets. Pour les entreprises, ce concours est un laboratoire : l’occasion d’étudier des innovations technologiques qui seront peut-être indispensables demain. 

Densité urbaine

Pour le terme « Solar », on a bien compris. Mais pourquoi "décathlon" ? Ces maisons à l’échelle 1 sont notées par un jury d’experts, d’après 10 critères : architecture, ingénierie et construction, efficience énergétique, bilan énergétique, confort, équipement et fonctionnement, communication et sensibilisation sociale, projet urbain/ mobilité/ coût, innovation et enfin durabilité. Tout au long des deux semaines de compétition, des mesures sont effectuées dans les maisons au moyen de capteurs, pour vérifier leur caractère passif. Dans ce laboratoire de l’habitat de demain, les 20 maisons doivent aussi répondre à un cahier des charges spécifique, celui du pays hôte. 

Elles doivent prendre en considération des problématiques que des architectes français connaissent bien : la densité de population en zone urbaine, le climat local… Le Solar Décathlon veut apporter des solutions en matière de conception de l’habitat de demain, amener à réfléchir sur l’intégration de cet habitat dans la ville et répondre à un certain nombre d’enjeux, comme le changement climatique, la raréfaction des énergies fossiles et la question de la nature en ville. Dans leurs maisons qui produisent leur propre énergie, certains étudiants ont décidé d’installer des batteries pour stocker l’énergie. "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", disait Lavoisier. C’est vrai pour ces maisons. Une fois le concours terminé, toutes seront démontées. Certaines seront remontées dans l’université des 800 étudiants les ayant imaginées, et d’autres seront habitées par des étudiants ou des personnes en difficultés. Le développement durable passe aussi par l’insertion sociale.

Répondre à des problématiques locales

Dans les projets présentés par les 20 équipes sélectionnées, on trouve aussi des spécificités propres aux pays d’origine des étudiants. C’est dans le cahier des charges : chaque équipe doit trouver une solution d’habitat à énergie positive correspondant au contexte et aux spécificités de son pays. Ainsi, l’équipe du Chili nous rappelle que ce pays est régulièrement touché par les séismes. Son projet : une maison modulaire, que l’on puisse construire rapidement pour abriter les populations très vite après une catastrophe naturelle. 

L’équipe de Thailande, elle, a construit une maison sur pilotis, sur deux niveaux. L’ossature est métallique, pour mieux résister à l’eau lors d’inondations. Quant aux Japonais, trois ans après le séisme de 2011, ils ont naturellement opté pour une maison capable de survivre à une catastrophe naturelle. « Nous voulons construire une communauté, où les gens puissent continuer à vivre des vies riches et équilibrées après une catastrophe », expliquent-ils. La structure en bois prévoit l’isolation, la plomberie… Et peut être rapidement assemblée pour offrir à une famille sinistrée un nouveau toit.

Plus proche peut-être des problématiques françaises, l’équipe allemande a choisi de traiter du manque de place dans les grandes ville, en construisant un logement au-dessus d’une maison existant déjà. Une idée déjà évoquée en France il y a quelques années par la ministre du Logement de l'époque. Ces prototypes, que le public peut visiter jusqu’à lundi à Versailles, préfigurent peut-être ce que seront les villes de demain en France, au Japon ou en Thaïlande… Car en plus des solutions, l’un des critères pris en compte dans la notation des projets est leur coût : il doit être accessible, pour que ces maisons ne restent pas qu’une douce utopie.

Solar Decathlon Europe 2014 – Jusqu’au 14 juillet 2014. Cité du Soleil, allée des Mortemets, 78000 Versailles. Pour en savoir plus, cliquez ici.