Au placard !

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Au placard !

Au cinéma le

Que l'on y enferme ce que l'on veut cacher ou que l'on redoute d'y trouver ce qui nous effraie : le placard est la star de la semaine.

L’homme qui a dirigé le FBI pendant 48 ans a passé toute sa vie dans le placard, incapable d’assumer son amour pour son bras droit, Clyde Tolson. Si les deux principaux concernés ont emporté leur vérité dans leurs tombes – séparées de quelques mètres seulement – Dustin Lance Black[fn]Oscar du meilleur scénario pour Harvey Milk, de Gus van Sant (2008).[/fn] a choisi de développer cette théorie dans son scénario de J. Edgar[fn]J. Edgar, Etats-Unis, 2011, réalisé par Clint Eastwood (2h15).[/fn]. Ces inclinaisons sentimentales ne représentent qu’une infime partie de ce film biographique mais elles ajoutent à la complexité d’une des figures les plus controversées du XXe siècle aux Etats-Unis.

Le clair-obscur eastwoodien – le film est, comme d’habitude chez Clint, d’un classicisme à toute épreuve – se prête bien à l’esquisse du portrait de J. Edgar Hoover. Un homme qui a tenu d’une main de fer le FBI, s’acharnant à le tenir éloigné de toute ingérence politique. Un anticommuniste forcené, versant dans le racisme et qui se régalait en récoltant des éléments compromettants sur les puissants. Un fils à maman névrosé, apeuré à l’idée de la décevoir, prêt à enjoliver la réalité lorsqu’il s’agissait de récolter la gloire. Malgré tout, le Hoover incarné par DiCaprio se révèle émouvant lorsqu’il laisse entrevoir, mais jamais publiquement, sa vulnérabilité. D’où une légitime compassion pour un homme qui, à force de vouloir être admiré, a oublié de se laisser aimer.

Claire Martin a aussi ses névroses. Elle, elle aime s’enfermer dans un placard. Une poignée de mètres carrés qu’elle investit pour penser à sa mère, qui l’a abandonnée à sa naissance. Elle y relit sans cesse la carte que celle-ci lui avait laissée, lui promettant qu’un jour, elle reviendrait la chercher. C’est l’inverse qui s’est produit. Claire a retrouvé sa génitrice, Joëlle, en faisant appel à des détectives privés et parvient à l’approcher, sans lui révéler son identité. Claire est aussi Mélina, la voix de Radio France, qui, à la nuit tombée, écoute et conseille les auditeurs confiant peines de cœurs, soucis familiaux et angoisses existentielles. Comédie et mélo tissent Parlez-moi de vous[fn]Parlez-moi de vous, France, 2011, réalisé par Pierre Pinaud (1h29).[/fn]. « On ne vous a jamais dit que vous aviez la même voix que l’autre conne de la radio ? », lancera Joëlle à Claire, ignorant que c’est à l’animatrice, et de surcroît, à sa fille, qu’elle s’adresse.

Au-delà de l’effet comique, la réplique est d’une cruauté cinglante pour l’orpheline. Aussi, s’il est indéniablement drôle de voir Claire traîner ses Louboutin dans les rues populaires de Claye-Souilly, il est tout aussi émouvant de l’observer tenter d’exister aux yeux de celle qui lui a donné la vie. Pour son premier film, Pierre Pinaud a le bon goût d’éviter certains écueils – en mettant la magnanimité en sourdine – mais il s’enferre malheureusement dans des scènes téléphonées, au propre comme au figuré, qui font surtout office de béquilles scénaristiques. Reste Karin Viard, carte maîtresse du film, qui vient rappeler qu’elle est sans doute la meilleure actrice française en exercice.

Dans Intruders[fn]Intruders, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Espagne, 2011, réalisé par Juan Carlos Fresnadillo (1h40).[/fn], c’est un monstre sans visage qui se planque dans le placard. Mais le plus effrayant dans ce thriller horrifique, c’est le résultat, d’un ennui surprenant pour un film signé Juan Carlos Fresnadillo (Intacto, 2003 ; 28 semaines plus tard, 2007). Mêlant, en gros, imagerie cauchemardesque, conte poétique, trauma enfantin et pouvoir de l’imagination, l’histoire est inutilement confuse et échoue à entretenir le mystère autour du twist final. Un nanar à laisser au placard.

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