LCMDF, retour sur Terre

LCMDF, retour sur Terre

LCMDF, retour sur Terre

LCMDF, retour sur Terre

25 mars 2011

Après avoir volontairement pris du recul et un projet d'album qui n'a jamais vu le jour, les sœurs finlandaises du duo "Le Corps Mince de Françoise" reviennent encore plus fortes. Et mieux armées. Avec un album pop et une tournée en France. Anne-Laure Planchais, manager et agent d'artistes, les a rencontrées pour Citazine.

LCMDF (connu jusqu’à maintenant comme le trio Le Corps Mince de Françoise), n’est plus aujourd’hui composé que des sœurs finlandaises Kemppainen : Emma, 22 ans, et Mia, 20 ans. Leur premier album Love and Nature, vient de sortir sur le label Heavenly records. Elles présenteront leur set pop irrésistible en France du 29 mars au 2 avril à l’occasion du festival Les Femmes s’en mêlent.
Rencontrées en février dernier, lors du festival norvégien By:Larm dont Citazine vous a déjà parlé, elles nous racontent leurs débuts, les déboires, l’évolution et la maturation du projet. Interview croisée.

Comment tout a commencé pour LCMDF ?
Emma : On écoutait CSS et M.I.A, et on se disait qu’on voulait faire la même chose, faire une musique pour faire la fête. On aimait le côté riot girly, on criait beaucoup à l’époque. Mais là, je parle de 2007, ça fait longtemps, et nous avons beaucoup évolué depuis.

Mia : Tout a beaucoup changé…

Emma : Au tout début, c’était ça, faire quelque chose de nouveau et drôle avec un peu de rap, un peu d’électro.
A un moment, les gens sont devenus fous, ils ont totalement accroché : Perez Hilton a parlé de nous, Jean-Charles de Castelbajac nous a invités à jouer en live pendant son défilé de la Fashion week. Ensuite, tout s’est passé en une seconde. 2009 a vraiment été une année bizarre.

Mia : On a fait plus deux cents concerts, on voyageait tout le temps.

Emma : Tout le monde parlait de nous, et nous on se disait « mince, on a seulement quatre chansons ». A la fin de l’année, les gens demandaient l’album avec insistance, donc on s’est dit qu’on avait pas le choix et on a fait un disque. Cet album n’était pas bon, on n’a pas trouvé de label, notre manager était un imbécile et ça ne marchait plus avec la troisième fille du groupe.
Donc au moment où tout le monde nous attendait, au plus haut de la vague, on s’est dit « on arrête tout, on va vivre à Berlin, on ne fait plus de show pendant un an. Enfin juste assez pour survivre ».

Mia : Nous avons refait les chansons, trouvé un nouveau manager et on s’est entouré de gens bien, en qui on avait confiance. Le résultat, c’est cet album, une compilation de nouvelles et d’anciennes chansons, un album sur le fait de grandir.

Emma : Quand tu écoutes l’album, la première chanson, Take me to the mountain, raconte cette histoire. On est monté très haut et on est redescendu très bas. Maintenant, on veut avancer plus doucement, reconstruire petit à petit avec des bases solides. Parce que ce que nous avons vécus, pour l’instant, c’était vraiment les montagnes russes, extrême dans le bon comme dans le mauvais.

Vous avez donc disparu pendant une année ?

Emma : Oui et bien sûr il y avait des rumeurs. Sur internet, les gens ont dit qu’on arrêtait, et que ce groupe c’était de la fumée sans feu. Ça nous faisait doucement rire, parce que nous, à Berlin, on se disait « ils ne savent pas ce qui va se passer ».

Mia : Mais c’était difficile de ne pas avoir de doute et de continuer coûte que coûte. On savait que l’album était bon mais il a vraiment fallu se battre pour le sortir. Voilà, c’est fait, on a réussi, on est allé jusqu’ au bout…

Emma : C’est vrai qu’il y a un an, nous étions au plus bas. Mais ce n’était pas grave, on savait pourquoi on était là, qu’on ne laisserait pas tomber. Finalement, l’album Love and Nature a eu cinq étoiles dans Artrocker magazine et Rob Da Bank sur BBC 1 a proclamé Gandhi, meilleur track du monde en ce moment. On l’a fait, on l’a bien fait !

Mia : On était tellement déterminé que nous étions prêtes à sortir l’album nous-même. A un moment, tous les labels nous disait qu’ils étaient très intéressés, mais personne n’avait le temps, l’argent…

Emma : Je disais au chef de projet du label Heavenly que j’allais mettre l’album en ligne gratuitement sur Internet s’il ne nous signait pas… Il m’a répondu de ne surtout pas faire ça et finalement, ils ont signé.

Avec du recul, êtes-vous plutôt satisfaites de la façon dont les choses se sont déroulées ?

Emma : Oui, aujourd’hui, nous sommes heureuses mais ça a vraiment été une période de dingue.

Mia : Nous avons beaucoup appris, donc même si c’est notre premier album, l’expérience que nous avons acquises ces quatres dernières années, nous aide à ne pas faire les mêmes erreurs. Nous sommes plus vives, mieux préparées.

Emma : En y réfléchissant, je ne sais pas si des filles de 16 et 18 ans doivent découvrir l’industrie de la musique de cette manière, se retrouver dans l’œil du cyclone et voir tout ce qui se passe vraiment. Mais nous avons beaucoup appris, ce qui nous transforme petit à petit en de redoutables business women. Après une mauvaise expérience avec le manager et les gens investis sur le projet au départ, ce que nous chérissons le plus, aujourd’hui, c’est d’être entourées de personnes qui travaillent dur, qui comprennent la musique et nous aident à construire notre carrière petit à petit, autour du disque et de nos fans. On connaît les limites d’être très hype, très vite.

Alors maintenant, vous essayez d’avoir un œil sur tout ?

Emma : Exactement. Moi, je suis une vraie control freak.

Mia : Oui, nous le sommes toutes les deux, je pense. Emma peut-être un peu plus.

Emma : Ce qui est terrible, c’est que, plus il y a de personnes qui travaillent sur le projet – manager, producteur, agent, publiciste -, plus il y a de gens à contrôler. Pour mon esprit de control freak, c’est terrible. Parfois, je m’ assois et je me dis, maintenant il faut que tu les laisses faire, tout va bien, ça roule.

Et entre vous deux, comment ça se passe ?

Mia : Nous n’y pensons plus vraiment. Nous avons une relation tellement particulière. Il n’y a pas beaucoup de sœurs qui sont ensemble 24h/24, 7 jours sur 7.

Emma : C’est un peu la symbiose.

Mia : Quand nous étions trois dans le groupe, c’était plus compliqué.

Emma : En plus, nous étions adolescentes.

Mia : C’était plus difficile de trouver sa place dans le groupe. Par exemple, il y avait toujours un débat sur qui devait dire le dernier mot sur scène. Maintenant, nous sommes deux et nous sommes sœurs, donc il n’y a pas de lutte de pouvoir.

Quelle est l’ambiance en tournée ?

Emma : Au début, je m’occupais de presque tout, mais je n’étais pas vraiment responsable, pas assez mature. Nous étions très jeunes. Donc on se retrouvait dans des endroits en Europe, on buvait, on faisait la fête et, à un moment, on jouait. Maintenant, c’est complètement différent. C’est notre travail, ce ne sont plus seulement des vacances délirantes.

Mia : On se rend compte rapidement que le style de vie rock n’ roll, ça n’a aucun intérêt. C’est bidon. Si tu veux vraiment en faire ton métier, tu ne peux pas boire tout le temps, tu ne peux pas faire la fête tous les soirs, parce si tu as trente shows en trente jours, il y a de fortes chances qu’après le cinquième, tu sois totalement épuisée. Il faut donc faire attention à son rythme.

Avez-vous hâte de repartir sur la route ? Ou vous sentez-vous déjà fatiguées à cette idée ?

Emma : Non, on a hâte, bien sûr. Ca fait longtemps qu’on attend ce moment. Ca nous a pris beaucoup de temps de faire cet album. Il est sorti finalement et c’est super de le soutenir en live. En plus, maintenant les personnes connaissent les chansons et les paroles, nous ne sommes plus un nouveau groupe. Nous sommes un groupe.

Est-ce que votre set est totalement différent aujourd’hui ?

Emma : Oui, maintenant, nous jouons avec un batteur. Ce n’était pas le cas avant et ça nous donne beaucoup de force. On se sent très puissantes et c’est important quand tu es là-haut et que tout le monde te regarde.

Vous semblez extrêmement à l’aise sur scène, votre rapport avec le public est très simple. Tout le monde profite de la musique sans retenue. C’est quelque chose que vous maitrisez ?

Mia : Ca m’a pris beaucoup de temps pour comprendre qu’une fois que j’arrêtais de me dire « tout le monde me regarde, je dois avoir l’air d’une idiote », et que je me laissais aller, c’était comme un jeu de miroir et tout le monde se laissait aller.

Emma : C’est vrai qu’il faut avoir une bonne estime de soi et être là, à 100%. Parfois, je me donne l’ image d’ une femme robot pour m’aider sur scène. Quoi qu’il se passe, il faut délivrer un show impeccable avec un maximum d’énergie. J’adore être sur scène, ça me semble simple, c’est mon job.