400 rires pour changer de regard sur le handicap

400 rires pour changer de regard sur le handicap

400 rires pour changer de regard sur le handicap

400 rires pour changer de regard sur le handicap

6 novembre 2012

Les murs ne servent pas qu'à séparer, ils peuvent aussi créer la rencontre. C'est la vocation de celui qui s'expose actuellement au Carrousel du Louvre, à Paris. Des centaines de rires et de sourires de personnes ayant un handicap mental défilent et côtoient le visiteur, pour changer son regard sur la déficience intellectuelle.

Le Mur du rire, à voir au Carrousel du Louvre jusqu'au 19 novembre. l Citazine

Des dizaines de visages rieurs regardent passer les touristes et Parisiens à la sortie du Carrousel du Louvre. Sur 18 mètres de large et une quarantaine d'écrans aux fonds colorés, s'affichent les visages de 400 hommes et femmes de tous âges. Leur point commun ? Ils veulent montrer qu'ils savent rire. Ils sont touchés par une déficience intellectuelle ou une lésion cérébrale, aussi.

Le "mur de rire" est une installation imaginée par le réalisateur et journaliste Nicolas Favreau avec March Studio et l'association Persona Très Grata. Il est mis en place dans le cadre du Mois-Extraordinaire, organisé par la Mairie de Paris pour mettre en avant les talents des personnes en situation de handicap, mais aussi "les projets novateurs qui contribuent à faire évoluer le regard des Parisiens sur le handicap".

"Ces hommes et ces femmes ont leurs colères, leurs convictions !"

Nicolas Favreau a eu l'idée de ce mur de rires "en parlant avec des familles de personnes handicapées mentales qui disaient : ce n'est pas simple, mais on se marre bien". Il s'agit de montrer le handicap sous un autre angle. "Lorsque l'on parle des personnes avec un handicap, c'est souvent à travers le prisme de la prise en charge, des difficultés d'accessibilité dans le métro par exemple. Alors que ces hommes et ces femmes travaillent, votent. Ils ont eux aussi des colères, des envies, des convictions ! Et une qualité de relation formidable".

Le Mur du rire, à voir au Carrousel du Louvre jusqu'au 19 novembre. l Elodie PERRIOT

Plus de 800 personnes handicapées franciliennes, ont participé à ce projet, et signé un manifeste disant "Je sais rire, j'aime rire, je faire rire… car j'ai de l'humour. Et vous ?" Comme Abou, 30 ans, qui vit et travaille à Paris. "J'aime faire rire… surtout les filles !" lance-t-il, dans un grand éclat de rire, justement. Marie, 37 ans, vit et travaille également dans un Esat (Etablissement ou service d'aide par le travail) à Paris. Pour elle, participer à ce projet est une manière de montrer aux visiteurs du Louvre et de la galerie commerciale qui jouxte le musée "qu'on est comme n'importe qui. Les regards sont parfois pénibles quand on leur parle".

Forcer la rencontre

L'exposition, visible au Carrousel du Louvre jusqu'au 19 novembre, est parrainée par Philippe Pozzo di Borgo, dont l'histoire racontée dans son roman Le Second Souffle a inspiré le film Intouchables. "Dans le film, c'est par le rire que les personnages d'Omar Sy et François de Cluzet se remettent de leur handicap social ou physique", note Philippe Pozzo di Borgo. "C'est par le rire que l'on va réconcilier notre société. Le mur de rires est plus un projet sur la ressemblance que sur la différence", explique-t-il. "Comme le film, ce mur va interpeler beaucoup de monde. C'est un peu Intouchables bis !" indique l'homme emblématique du film. Un bon ambassadeur créer une sorte de passerelle pour ouvrir la réflexion sur l'intégration dans nos vies de toutes les formes de handicap. "Oui, il semble parfois plus difficile de communiquer sur le handicap mental, car il fait peur", observe Nicolas Favreau.

Le Mur du rire, à voir au Carrousel du Louvre jusqu'au 19 novembre. l Elodie PERRIOT

Le choix du prestigieux et très fréquenté Carrousel du Louvre pour l'exposition de cette oeuvre a son importance. "Un tas de choses formidables sont faites sur le handicap, mais le problème, c'est que les gens ne se déplacent pas pour les voir", déplore Nicolas Favreau. "Avec cette installation, on a décidé de venir nous même voir les gens, là où ils sont. On force aimablement la rencontre".

A voir jusqu'au 19 novembre au Carrousel du Louvre, à Paris (accès gratuit).